vendredi 3 février 2017

Intolérance et exclusion, le drame derrière le drame


Un texte d'André Frappier qui porte à la réflexion, André rétabli les faits :



Intolérance et exclusion, le drame derrière le drame 



mardi 31 janvier 2017, par André Frappier

Les témoignages des personnes interviewées hier par les médias nous révèlent un drame profond qui apparaît maintenant au grand jour. Selon le représentant de la communauté musulmane de Québec bon nombre de membres de sa communauté ne vont plus dans les mosquées de peur d’être identifiés.

Plusieurs femmes cachent le fait qu’elles sont de confession musulmane pour ne pas être exclues de leur milieu de travail et ainsi s’empêchent de porter le hijab. L’une d’elles aurait affirmé : "que c’est déjà suffisant d’être noire, ça je ne peux pas le cacher". Il a aussi mentionné que les veuves des personnes tombées sous les balles portent pour la plupart le hijab et craignent qu’elles peinent à se trouver un emploi.

Faut-il qu’un drame survienne pour attirer l’attention sur le climat d’exclusion qui existe au Québec depuis plusieurs années. Ce qui s’est produit est une horreur et j’ai de la peine pour les victimes et leurs proches pour tous ceux et celles qui sont victimes de cette haine. J’ai peine à contenir ma colère contre tous ceux et celles qui l’ont attisé tant dans les radios poubelles que dans les grands médias et particulièrement contre ceux et celles qui l’ont fait à des fins politiques. Ils portent tous une grande responsabilité pour le climat d’intolérance et d’exclusion qu’ils ont participé à créer sinon à normaliser. Est-il normal que dans une société qui se dit libre, des gens craignent de s’identifier à leur culture ou à leur religion ?

Si on veut corriger le tir il faut nommer les problèmes

J’entends encore Louise Mailloux, ancienne candidate du PQ, accuser Amir Khadir lors de la commission parlementaire du gouvernement Marois d’être allé s’asseoir dans une Mosquée, avec photos à l’appui s’il vous plait et sous le regard complaisant de Bernard Drainville. J’entends sa campagne de dénigrement contre Dalida Awada, ancienne candidate de QS, parce qu’elle portait le hijab et s’affichait être de confession musulmane. On l’accusait de « midinette du foulard islamique », « d’’émissaire du régime khomeiniste », « de militante embrigadée par nos khomeinistes locaux », liée au grand ayatollah Sistani d’Irak et à l’imam Ali Sbeiti et était associée à des personnes qualifiées d’intégristes. Ces propos avaient également été véhiculés sur le site postedeveille.ca. On n’a vu personne de la direction du PQ remettre cette personne à l’ordre, c’était pourtant une campagne d’intimidation et de dénigrement utilisant les préjugés islamophobes.

Le Bloc Québécois, dans une période de descente dans les sondages lors de la dernière campagne électorale fédérale n’a pas hésité à utiliser des amalgames islamophobes. Une publicité indiquait : « Serment de citoyenneté : Mulcair d’accord avec le port du niqab » et « Faut-il se cacher le visage pour voter NPD ? ». Dans une autre on voyait du pétrole fuir d’un pipeline, former une tache, puis se transformer en niqab : « Les élections s’en viennent et si Thomas Mulcair est élu, il y a aussi un beau gros pipeline qui s’en vient, même si on n’en veut pas. Puis, même si on n’est pas d’accord avec le port du niqab pour voter ou se faire assermenter, Thomas Mulcair, lui, il l’est. C’est la goutte de trop. Je retourne au Bloc », pouvait-on entendre dans cette publicité. Dans un document de campagne du BQ en 2015, Louis Plamondon affichait les positions des partis sur le port du Niqab lors de l’assermentation de citoyenneté canadienne comme un élément déterminant pour le vote de la population québécoise.

Les déclarations de l’actuel chef du PQ lors de la course à la chefferie au sujet des kalachnikovs cachées sous les Burkas, pour ne mentionner que celle-là, ont aussi favorisé à créer ce climat de crainte de l’étranger et particulièrement de la communauté musulmane. Le Parti Québécois n’en était pas à sa première instrumentalisation de cette peur à des fins électorales, c’est aussi la carte qu’il a jouée lors de la dernière campagne électorale. Personne n’a pensé que cela pouvait conduire aux événements que nous avons connus à Québec. Et bien sûr il n’y a pas de lien direct en soi.

Mais dimanche dernier on a eu l’impression que la société québécoise volait en éclat. Un trop plein, une valve a sauté, quelqu’un a commis l’irréparable. Alors les messages de sympathie ne suffiront pas, il faut affirmer que le Québec appartient à tous ceux et celles qui y habitent afin de reconstruire un Québec inclusif où tout le monde se sent libre. Déjà les multiples actions de soutien à la communauté musulmane qui ont eu lieu dans plusieurs villes du Québec comptaient des milliers de personnes. Ces actions sont porteuses d’espoir !


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