mardi 20 mars 2012

Taxes et impôts: la grande confusion

Mettons fin à une confusion

avec Francis Lagacé

19 mars 2012

Taxes et impôts: la grande confusion

En anglais, les taxes et les impôts sont désignés par un seul mot: taxes. De sorte que lorsque les anglophones se plaignent de payer trop de taxes, ils se plaignent à la fois des impôts sur le revenu et des différentes taxes à la consommation ainsi que de toutes les autres taxes qu'on peut avoir à payer, comme la taxe sur la santé. Pour les distinguer, il faut donc apporter un spécifique et parler par exemple d'income tax, l'impôt sur le revenu.

Souvent, cette confusion est importée en français, au Québec, ce qui fait bien l'affaire des grandes entreprises qui appellent les citoyens à leur aide ou qui prétendent venir à l'aide des citoyens en prétendant qu'au Québec «on est les plus taxés d'Amérique».

Or la différence est loin d'être anodine, car s'il est vrai que la taxe de vente est plus élevée au Québec, les impôts sont moins élevés pour les grandes entreprises et les déductions fiscales très généreuses.

Il est donc important de faire la différence entre les diverses sortes de taxes et les divers impôts. D'autant qu'une taxe à la consommation de biens essentiels affecte beaucoup plus une personne qui gagne 15 000 $ par année qu'une autre qui en gagne 125 000 $.

À l'inverse, l'impôt sur le revenu, s'il est bien pratiqué, s'il est progressif, affectera davantage les contribuables qui ont les moyens de payer et les entreprises qui font de gros profits, ce qui est beaucoup plus équitable.

Il est bien certain que personne n'aime payer de taxes ni d'impôts. Si on fait un sondage pour demander à la population: «voulez-vous payer plus d'impôts?», l'immense majorité dira non. Si on demande à la population: «voulez-vous payer moins d'impôts?», l'immense majorité dira oui.

Toutefois, si il y a 20 ans, quand on a commencé à réduire les impôts et à entrer dans la logique de l'utilisateur payeur, on avait posé la question de manière plus précise avec les conséquences que la réponse impliquait, voici comment il aurait fallu la formuler: «Voulez-vous payer moins d'impôts et, en conséquence, avoir moins de services gouvernementaux, devoir payer pour obtenir certains services autrefois offerts universellement et laisser le privé entrer dans les hôpitaux et les écoles?» La réponse aurait sans doute été comme en Norvège il y a quelques années: «Non, on préfère payer des impôts pour continuer à offrir de bons services à tous.»

La diminution des impôts pour les plus riches a eu comme conséquence que toutes sortes de tarifs et de taxes spéciales apparaissent. Par exemple, la fameuse taxe santé qui obligera l'an prochain même les bas revenus à payer 200 $ par année. Une telle somme n'a pas le même impact sur le budget de la mère de famille qui gagne 25 000 $ par année que sur celui du banquier qui gagne 300 000 $ avant ses primes et divers cadeaux en actions.

Hier, dimanche 19 mars 2012, on faisait état à la télévision de TVA d'un sondage dans lequel on avait demandé aux citoyens québécois s'ils étaient prêts à payer plus d'impôts pour éviter la hausse des droits de scolarité. La réponse a été sans surprise: Non!

Le problème de ce sondage est qu'il pose une question qui n'a aucun rapport avec la situation actuelle ni avec ce que les étudiantes et étudiants proposent.

La question que les étudiantes et étudiants nous posent est la suivante: «Voulez-vous que les impôts sur le revenu soient mieux répartis de sorte que la majorité de la population en paye moins, que les plus hauts revenus et les grandes entreprises payent leur juste part et que les droits de scolarité soient gelés ou même réduits?» L'immense majorité répondra Oui! à cette question.

Il est même possible de rendre complètement gratuite la scolarité universitaire en réaffectant vers l'enseignement les fonds versés aux universités plutôt que vers les partenariats avec des entreprises privées ou en établissant une vraie fiscalité progressive qui permet à chacun de faire sa juste part et non qui impose aux plus vulnérables un fardeau proportionnellement plus lourd qu'aux mieux nantis.

Quand on pose les bonnes questions, on a des réponses beaucoup plus intéressantes!


LAGACÉ Francis


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