jeudi 9 avril 2015

Changer le système, pas le climat !


Voici un excellent texte de Bernard Rioux qui porte à la réflexion.

Merci Bernard pour ton magnifique travail.



Changer le système, pas le climat ! 




mardi 7 avril 2015, par Bernard Rioux

Le 11 avril prochain, une grande manifestation se tiendra à Québec pour dire aux premiers ministres provinciaux réunis dans le cadre du Conseil de la fédération qu’il faut dire non aux hydrocarbures, qu’il ne faut pas utiliser le Québec comme lieu de passage du pétrole des sables bitumineux et qu’il faut opérer un tournant vers les énergies renouvelables. Le réseau écosocialiste considère essentiel de montrer que le réchauffement climatique et les catastrophes écologiques qu’ils nous préparent sont directement liés au système capitaliste et productiviste.

1. La réalité du réchauffement climatique

Le réchauffement climatique est une réalité scientifiquement démontrée. Il résulte de l’utilisation massive des énergies fossiles. Si, on ne parvient pas à mettre fin à l’utilisation des énergies fossiles, la terre connaîtra un réchauffement considérable avec des conséquences désastreuses : multiplications de phénomènes météo extrêmes (ouragans, cyclones, sécheresses dans certaines régions, précipitations abondantes et inondations dans d’autres régions). Le dégel des calottes polaires va provoquer la hausse du niveau des océans et la disparition des terres qui se trouvent au niveau actuel de la mer. Le réchauffement des régions nordiques va occasionner le dégel du pergélisol provoquant une importante libération de méthane qui risque d’entraîner une spirale d’approfondissement du processus de réchauffement climatique. Ces phénomènes climatiques vont rendre plus difficiles certaines cultures et précariser l’accès à l’eau potable. La satisfaction de besoins essentiels de l’humanité (en termes d’accès à la nourriture et à l’eau potable) va devenir de plus en plus difficile. Le phénomène des migrations climatiques et des conflits (parfois armés) quelles peuvent entraîner va connaître une expansion considérable.

2. Les classes dominantes refusent de s’attaquer aux fondements du basculement climatique.

Le monde des affaires s’oppose, avec succès jusqu’ici, à toute régulation environnementale efficace. Plus particulièrement, les grandes sociétés qui tirent profit du système des énergies fossiles et les gouvernements à leur service constituent l’obstacle majeur au sauvetage du climat. La valeur globale de ces entreprises est estimée entre 15 et 20 000 milliards de dollars. Cela représente des milliers de mines et de centrales au charbon, plus de 50 000 champs pétrolifères, 800 000 kilomètres de gazoducs et d’oléoducs, des milliers de raffineries... Ce sont ces équipements qui sont conçus pour durer de trente à quarante ans qui devraient être mis à la casse pour opérer rapidement une transition vers les énergies renouvelables. C’est la défense de ses intérêts considérables qui constitue la principale source de blocage à une réelle transition énergétique. On retrouve ces intérêts liés aux énergies fossiles dans nombre de secteurs : l’énergie, bien sûr, mais également, les transports, les industries pétrochimiques, l’agriculture

Ces intérêts économiques et les gouvernements des classes dominantes sont parvenus à imposer l’abandon des accords de Kyoto, et les objectifs contraignants pour ce qui est émissions de gaz à effets de serre. Ils mènent une campagne de mensonges systématiques pour faire croire que l’utilisation des énergies fossiles n’a rien à voir avec le réchauffement climatique. Ils sont parvenus à faire progresser leurs thèses climato-sceptiques, et plus particulièrement dans les régions du monde qui sont directement dépendantes de l’exploitation de ces dernières. Cette campagne est même parvenue à provoquer un recul des investissements verts.

3. Le capitalisme vert défend de fausses solutions

Rejetant la sortie du pétrole, ces multinationales du pétrole et du gaz avancent de fausses solutions, prétendant développer un capitalisme vert. Que ce soit le développement d’un marché des droits de polluer, l’utilisation du gaz naturel comme énergie de transition, la perspective de l’utilisation de techniques de géoingénérie (comme le captage du dioxine de carbone à la sortie des cheminées et son stockage sous terre, la production de techniques pour bloquer les rayons du soleil), toutes ces mesures visent essentiellement à ouvrir de nouveau champs d’investissements pour le capital et à couvrir les fausses solutions de l’idéologie du développement durable. [1] Ces pseudosolutions capitalistes ne visent qu’à retarder le plus possible, le tournant essentiel vers l’usage d’énergies renouvelables.

Malheureusement, des secteurs du mouvement environnementaliste, au nom d’un pseudoréalisme, se sont laissé séduire par ces fausses solutions. Ces secteurs pensent qu’il faut défendre les solutions les moins contraignantes pour le capital et qu’il faut, pour ce faire, utiliser les mécanismes du marché pour lutter contre le réchauffement climatique. [2]

4. La soumission du Canada et du Québec à l’ordre pétrolier

Le gouvernement canadien s’est fixé comme objectif stratégique de faire du Canada une puissance pétrolière de premier rang capable d’exporter massivement sur le marché mondial. . Cela implique de faire de l’exploitation pétrolière des sables bitumineux le centre de l’économique Canadienne. Cet objectif passe également par le développement de l’exploitation du pétrole dans l’Arctique et à partir de plate-formes en haute mer dans l’océan Atlantique, sans parler de l’exploitation dans le golfe St-Laurent. Pour parvenir à ces fins, le gouvernement canadien a soutenu financièrement le développement des énergies fossiles. Depuis 2009 – les subventions fédérales aux entreprises pétrolières et gazières totalisent plus de 2 milliards de dollars (Fondation Suzuki). Depuis 40 ans, 14 milliards de dollars au minimum de fonds publics ont été investis dans le développement des hydrocarbures. Chevron, Husky Energyy, Esso, North Atlantic, Nova Chemicals, Parkland Income, PetroCanada, ShellCanada, Suncor et Total sont les majors internationaux et canadiens qui sont au centre des faveurs du gouvernement Harper.

Mais le gouvernement Harper, c’est aussi attaqué à créer les conditions politiques et idéologiques de son objectif stratégique. Il fallait pour ce faire : réduire la réglementation économique et environnementale ; discréditer le discours sur le réchauffement climatique ; forcer le soutien des provinces à ses plans ; développer une diplomatie au service de l’industrie pétrolière en négociant un accord de libre-échange avec l’Europe pour obtenir son aval à l’exportation du pétrole canadien tiré des sables bitumineux en Europe. Le 17 décembre 2014, le parlement européen a ouvert les vannes aux importations de pétrole albertain en modifiant sa directive à cet égard. Il faut ajouter une autre dimension politique, à la politique d’Harper, c’est la criminalisation des mouvements d’opposition aux projets des pétrolières et des gazières. C’est ainsi que les écologistes s’opposant à la construction des oléoducs ont été dénoncés à de multiples reprises par des porte-parole du gouvernement conservateur comme des terroristes. Avec la loi C-51, les conséquences d’une possible criminalisation des opposants aux projets des pétrolières risquent de se concrétiser.

Après avoir répudié les accords de Kyoto, le gouvernement canadien s’est attaqué aux lois canadiennes protégeant l’environnement afin d’ouvrir la voie à l’exploitation des hydrocarbures les plus polluants de la planète et de créer de meilleures conditions pour le déploiement de sa stratégie énergétique. Pour procéder à toute vitesse, il fallait réduire au maximum les délais imposés par les évaluations environnementales de ces projets. Bousculant même les institutions parlementaires, utilisant manipulations et baillons, le gouvernement Harper a présenté des lois mammouths pour tenter de cacher les pires attaques aux lois environnementales. Pas moins de 70 textes de loi régissant la pêche, la protection des milieux de vie aquatique, les rivières et les lacs ont été charcutés.

Un obstacle important à l’exploitation du pétrole des sables bitumineux était de désenclaver ses réserves pétrolières ( estimation de 173 milliards de barils de pétrole en Alberta) pour pouvoir les exporter vers les États-Unis, le Pacifique et l’Est canadien et ultimement l’Europe. Pour ce faire, il fallait multiplier le volume du pétrole transporté par train. Il fallait également construire le plus rapidement possible les oléoducs et utiliser la voie maritime du St-Laurent à cette fin également. Cette stratégie continentale a rencontré des oppositions des populations concernées. En Colombie-Britannique le projet d’oléoduc Northern Gateway qui menaçait des milieux particulièrement sensibles a suscité de sérieuses inquiétudes environnementales concernant de possibles déversements. De plus, il devait passer sur les terres de populations aborigènes qui s’opposèrent clairement à un tel projet. Aux États-Unis, le développement de l’exploitation du gaz et du pétrole de schiste, et les pressions de la population consciente du danger représenté par la construction de l’oléoduc Keystone XL de TransCanada ont amené le président Obama à refuser de donner son accord à la construction de ce pipeline.

La troisième option du passage par l’est pose un défi majeur à la population du Québec. Deux importants projets de pipelines sont projetés : le renversement de la ligne 9B d’Enbridge et la construction du pipeline Énergie Est. Ce pipeline pourrait, à lui seul, induire une augmentation de 40% de la production de pétrole sale au Canada dans les prochaines années.

Mais la stratégie de désenclavement ne procède pas que par la construction des oléoducs. Aujourd’hui, l’importance du transport par train du pétrole a crû considérablement. D’ailleurs, ce type de transport a déjà apporté son lot de désastres dont la tragédie de Lac-Mégantic est le plus terrible. D’ailleurs, les enquêtes ont démontré que c’est le laxisme de la Société canadienne des Transports qui est, en dernière instance, responsable de cette tragédie. Puis d’autres accidents ferroviaires se sont produit, en Ontario, au Nouveau-Brunswick et en Colombie-Britannique.

Ce désenclavement passe également par l’utilisation d’immenses navires-citernes chargés au Port de Sorel-Tracy qui empruntent le Saint-Laurent, un cours d’eau de navigation difficile. Les gros navires-citernes qui transportent le pétrole sale de l’Alberta pour la compagnie Suncor risquent de provoquer des désastres écologiques majeurs dans le St-Laurent et mettent en danger notre approvisionnement en eau. Qui a un contrôle sur la voie maritime et son développement ? Le Québec ? En aucune façon, c’est le fédéral Cette situation correspond à un véritable assujettissement national. Le Québec pourrait devenir la plaque tournante du désenclavement des sables bitumineux.

L’ensemble des provinces canadiennes ont repris à leur compte la stratégie canadienne de l’énergie. Dernièrement, le premier ministre du Nouveau-Brunswick, M. Brian Gallant déclarait : « Le projet d’Énergie Est est un bon exemple du rôle que les projets énergétiques peuvent jouer afin d’améliorer la compétitivité de notre province et de notre pays dans son ensemble, L’élaboration de la stratégie canadienne de l’énergie sera fondée sur la collaboration et la transparence entre les provinces et les territoires. » (Communiqué du Gouverment du Nouveau-Brunswick, 15 mars 2015).

Selon la constitution canadienne, le transport interprovincial et international, ne relève que des autorités canadiennes. Le Québec n’a rien à dire. Notre autodétermination sur notre territoire est dangereusement , et encore une fois, bafouée. Et le Québec n’a pas, constitutionnellement, de pouvoir d’intervention contraignante. La démonstration de ce fait a été rendue évidente lorsque le gouvernement fédéral rappelle qu’il est le seul à pouvoir accorder la permission d’établir des ports pétroliers sur le Saint-Laurent. Institutionnellement, nous ne sommes pas capables de bloquer les ambitions du fédéral. Dans le même sens, TransCanada affirme qu’il ne tiendra pas compte des positions du Québec et il nous rappelle que c’est l’ONE qui a le seul droit de décider en dernière instance

Le gouvernement de Pauline Marois, s’est rapidement montré ouvert à la construction d’oléoducs en territoire québécois. En soutenant la stratégie énergétique fédérale, le Plan Nord et l’accord de libre-échange avec l’Europe, le PQ s’est aplati devant le fédéral. En reprenant à son compte, des pans entiers de la politique d’Ottawa, le Parti québécois et le gouvernement Marois se sont faits complices d’un coup bas contre l’environnement du Québec et contre son peuple. La population du Québec n’a pratiquement pas les moyens de bloquer le projet à partir des institutions existantes. La seule façon de le faire c’est dans les rues... Seule la mobilisation populaire, qui est l’expression concentrée de la souveraineté populaire, peut esquisser ce que serait une politique indépendante.

Depuis qu’il est dans l’opposition le Parti québécois, a affirmé vouloir prendre ses distances vis-à-vis du tournant pétrolier. Mais, cette posture apparaît relever davantage de la manouvre politicienne qu’autre chose. D’ailleurs, Pierre-Karl Péladeau, le futur chef de ce parti, n’hésite pas à définir le pétrole comme un atout pour la souveraineté du Québec !

Le gouvernement Couillard a poursuivi cette politique. Ce n’est que sous les pressions populaires, qu’il a consenti à poser certaines conditions à la construction du pipeline d’Énergie est (mais ces dernières n’ont pas force de loi). Tout au plus, suite à la tragédie de Lac-Mégantic, les municipalités du Québec ont pu obtenir d’être informées, après les passages des trains, des cargaisons passant dans leur agglomération, mais aucune municipalité ne peut exiger un tracé alternatif de voies ferrées au nom de la sécurité. Les règlements sur la protection des eaux lorsque cela concerne l’exploitation pétrolière, sont aujourd’hui l’objet de poursuites judiciaires de la part d’entreprises pétrolières comme cela a été le cas à Gaspé et à Restigouche. Le gouvernement Couillard, lui, refuse de s’en mêler, car il soutient ouvertement les objectifs économiques de la bourgeoisie canadienne.

Le gouvernement Couillard ne manifeste pas plus d’empressement environnemental que le gouvernement fédéral. Le premier ministre Couillard a été jusqu’à faire adopter une loi qui interdit au BAPE d’enquêter sur les activités de cette cimenterie de Port-Daniel, qui sera une source majeure d’émission de gaz à effet de serre. Ce même gouvernement a permis l’ouverture de la mine Arnault malgré les avertissements du Bape quant aux dangers de ce projet. Il soutient l’exploitation pétrolière en Gaspésie et sur l’ile d’Anticosti. ...

5. Une réponse incontournable – une orientation stratégique écosocialiste

La population de la planète est face à un choix stratégique fondamental:soit rester dans la logique capitaliste de croissance sans frein, d’approfondissement du tournant pétrolier, soit sortir du capitalisme en restreignant la sphère et le volume de la production et en confiant à la population par une planification démocratique et décentralisée les choix économiques et énergétiques fondamentaux qui permettront de garantir un développement humain de qualité basé sur les énergies renouvelables. Et ce développement des énergies renouvelables est incompatible avec l’idée de « gestion responsable » des hydrocarbures.

Pour les écosocialistes, la seule solution possible passe par l’expropriation des lobbies fossiles et de la finance à leur service. Le crédit et l’énergie doivent devenir des biens communs.C’est la condition nécessaire à l’élaboration d’un plan démocratique visant à assurer le passage à un système énergétique basé sur les énergies renouvelables : un système énergétique efficient et décentralisé sous la responsabilité de la population. Ce choix permettra de mettre fin aux gaspillages et d’orienter la production vers les besoins essentiels et de sortir de la civilisation du tout à l’automobile, d’en finir avec les productions inutiles et nuisibles tel que l’armement et de remplacer l’agro-business mondial par une agriculture vivrière de proximité.

 6. La nécessité de construire un mouvement qui dépasse les pressions sur les pouvoirs en place [3]

S’il faut adresser des exigences aux pouvoirs économiques et politiques en place, on ne peut se contenter d’exercer des pressions sur la classe dominante. On peut la faire reculer sur des points précis, mais on ne peut changer son orientation qui exprime ses intérêts de classe. On a vu que l’accumulation de savoirs scientifiques sur le réchauffement climatique n’a pas suffi à engager réellement la classe capitaliste dans la transformation du système économique qui sert leurs intérêts les plus immédiats.Elle résiste donc et résistera de toutes ses forces à s’attaquer aux causes profondes du réchauffement climatique. Nous ne devons pas nous restreindre à des revendications qui pourraient être avalisées par les chefs d’État si peu ambitieux et si peu exigeants quand il s’agit de s’attaquer aux causes du dérèglement climatique.

A. Un premier axe : bloquer les tentatives de désenclavement du pétrole sale et les projets néfastes pour l’environnement.

La première tâche qui est devant le mouvement contre le basculement climatique en cours est le blocage du tournant actuel vers l’élargissement de l’utilisation des énergies fossiles qui constitue, en soi, un refus de prendre au sérieux la nécessité de s’engager à implanter un système énergétique utilisateur, essentiellement, des énergies renouvelables.

Sur le continent nord-américain, au Canada et au Québec, un mouvement global contre les énergies fossiles est en train de se constituer et il s’articule autour du refus de l’exploitation du pétrole des sables bitumineux et des gaz de schiste et de son transport sur le continent afin de la rendre disponible à l’exportation partout dans le monde.

Une campagne politique contre le désenclavement des énergies sales peut gagner une majorité de la population. Cette campagne passe par une dénonciation des dangers des oléoducs Energie Est, Enbridge, Northern Gateway et Keystone XL mais doit également viser le transport ferroviaire et maritime du pétrole sale. Une telle campagne pourra délégitimer de tels projets qui vont à l’encontre des intérêts les plus immédiats de la population et crée une situation d’insécurité environnementale insoutenable à court terme et constitue un véritable crime contre l’avenir de la planète. Cette campagne peut également se décliner dans l’exigence de coupures de toutes les subventions aux entreprises du secteur des énergies fossiles, et par la demande de retrait de tous les investissements des institutions publiques du secteur des énergies fossiles. La demande du désinvestissement de la Caisse de dépôt et placement des énergies fossiles est exemplaire à cet égard.

Au Québec, on ne saurait négliger la dimension nationale des projets de pipelines et du transport ferroviaire et maritime du pétrole sale de l’Alberta en territoire québécois. Le refus de se voir réduits à un lieu de transit du pétrole sale de l’Alberta, obligés d’en subir les conséquences les plus néfastes, sans que le peuple québécois n’ait eu son mot à dire, le refus de cette soumission nationale aux intérêts du grand capital canadien, doit constituer un axe démocratique dans le travail d’opposition à l’utilisation des énergies fossiles. Le pétrole de l’Alberta n’a pas à couler chez nous comme le rappelle le slogan de la campagne contre l’oléoduc Énergie Est.

B. Un deuxième axe : construire une alternative au niveau des choix énergétiques, des transports et du développement industriel

Les choix énergétiques doivent devenir des choix démocratiques de la collectivité. Ils ne peuvent et ne doivent pas être laissés aux aléas du marché et du secteur privé, mais financés par des investissements publics que ce soit aux niveaux national, régional ou local. Les contrôles démocratiques des choix énergétiques sont des conditions essentielles à un développement d’un système énergétique basé sur les énergies renouvelables au service du peuple québécois.

Un tel tournant écologique du système énergétique doit être à l’initiative du secteur public tout en favorisant le contrôle citoyen d’une nouvelle économie et créer massivement des emplois verts. Si cet objectif devient celui d’une solide coalition des syndicats, des mouvements étudiant, populaire et environnementaliste, il peut permettre d’amorcer, dès maintenant, cette transition énergétique.

Le développement d’un secteur des transports collectifs et écologiques, tant au niveau de son utilisation que de la production des moyens le rendant possible, peut également être l’occasion de la création de milliers d’emplois. C’est l’ensemble de la structure industrielle d’un Québec réellement écologique qui peut ainsi être reconstruite. Mais le développement des transports collectifs doit hâter une accessibilité gratuite aux divers moyens de transport public pour pouvoir s’imposer aux dépens de complexe auto-pétrole.

Ces choix stratégiques sont ceux du programme de Québec solidaire qui rejette clairement les fausses solutions avancées par les tenants du capitalisme vert. C’est pourquoi il s’oppose aux « bourses du carbone qui sont des outils d’enrichissement des multinationales, et qui risquent de devenir un nouvel instrument spéculatif ; il rejette les fausses solutions techniques qui n’engagent pas de réelles réductions d’émissions de gaz à effet de serre (les agrocarburants, la géoingénérie, le stockage du carbone, etc et qu’ils s’opposent aux taxes sur le carbone qui frappent surtout les plus pauvres. » (Programme de Québec solidaire, Pour une économie solidaire, écologique et démocratique.

C. Un troisième axe : poser nos exigences face aux négociations de l’ONU sur les changements climatiques, mais ne pas compter principalement là-dessus

Nous devons exiger de nos gouvernements qu’ils suivent impérativement les propositions de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) selon les recommandations du GIEC et viser les bornes supérieures actuelles de 40 % d’ici 2020 et de 95% avant 2050 afin d’avoir les meilleures chances de stabiliser la température moyenne du globe sous le seuil sécuritaire de 2 degrés Celsius.

Si la conférence de l’ONU COP21 peut être une étape et un moment fort d’une mobilisation massive pour en faire une caisse de résonance pour défendre une perspective de développer durablement le rapport de force en faveur d’une transition écologique et sociale de grande ampleur, il ne faut pas se faire trop d’illusions sur un processus dont le contrôle est aux mains de représentantEs de la classe dominante. Mais, « la colère née des errements et des limites des négociations pourrait nourrir les manifestations et les actions massives de désobéissance cible que nous pourrions organiser à la fin des négociations. Nous pourrions galvaniser les énergies lors des tout derniers jours : « vous, les gouvernements, vous parlez et négociez pour le pire, vous les multinationales utilisez les négociations pour maintenir votre emprise sur notre futur, nous, les peuples, nous marchons et nous agissons pour changer de système et nous ne lâcherons jamais. » [4]

Notes

[1] Pour promouvoir l’utilisation des énergies fossiles, on cherchera à donner un prix au carbone par l’entremise de nouveaux dispositifs de marché et de finance carbone alors que le marché européen, pionnier en la matière, s’est révélé inefficace, dangereux, coûteux et non réformable. Pour optimiser le captage et le stockage du carbone dans les sols et les forêts, il est proposé d’expérimenter de nouvelles pratiques et techniques agroforestières - y compris le développement de nouvelles cultures génétiquement modifiées – et de les financer à l’aide de nouveaux dispositifs de la finance carbone, Maxime Combes, Blockadia et Alternatiba, les deux pilier de la justice climatique, ATTAC-France

[2] Voir la critique de cette approche par Noami Klein, S’attaquer aux fruits plutôt qu’aux racines, chapitre 6, Capitalisme et changement climatique, Tout peut changer, Lux, Actes Sud, 2015

[3] Voir Maxime Combes, Blockadia et Alternatiba, les deux piliers de la justice climatique

[4] Blockadia et Alternatiba, les deux piliers de la justice climatique, ATTAC-France, 18 novembre 2014


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