dimanche 6 septembre 2015

Repose en paix, fils de ma mère !


Un poème que je vous invite à lire question de réfléchir sur ce qui se passe sur notre planète:



Repose en paix, fils de ma mère ! 

( Khalil Harb )

mercredi 2 septembre 2015

Repose en paix, petit frère, toi qui incarnes notre douleur ! Tu es notre chagrin couronné sur la croix de l’accablement. Repose entre le rivage du cœur et celui de la mort. Repose en paix et accorde-nous un instant pour invectiver le ciel : Assez !
Pousse ton dernier soupir, mon petit, et repose dans le silence stérile de la parole. Étendu sur les rivages de la désillusion, tu es la désolation du monde. Toi, silence du ciel renégat, tu t’es accroché au dernier fil du salut. Soulier de l’enfance trempé par la honte des hommes !
Toi le solitaire, tu es notre joie interdite, notre bien-aimé. Toi l’orphelin, tu es l’écho qui n’a touché ni nos oreilles ni nos cœurs. Tu es notre vie amputée, notre affliction, notre défaillance, notre défaite. Tu as révélé notre hypocrisie, nos calculs, nos analyses, nos alliances, nos fanatismes, nos allégeances. Toi, le tout petit, toi l’étranger.
On a fermé toutes les portes devant toi. Ta mère ? Ne lui reproche pas de t’avoir lâché la main, elle s’est enfoncée dans les abysses avec son désespoir. T’a-t-elle raconté Damas, la ville qui avait ouvert ses portes à tous les Arabes, au Libanais, à l’Irakien, au Palestinien ainsi qu’à tous ceux qui fuyaient les guerres, les tyrannies, les massacres ? Les voilà tous revenus, en assassins, pour la poignarder dans l’obscurité de la nuit. Tu as échappé à leurs poignards, pour mourir sur la plage de Bodrum, seul, rejeté, orphelin, dans un monde barbare. Il n’y a pas eu d’Amis de la Syrie pour toi. Ils ne sont pas venus pour des êtres tels que toi. Ils t’ont aimé uniquement lorsqu’ils ont désiré la destruction de ton pays. Ils ont afflué des quatre coins du monde pour t’égorger le jour où ils ont convoité ton village, où ils ont voulu en faire le siège de leur nouvel État islamique, celui d’un sultan éphémère, d’un prince prodigue qui sait bien dépenser son argent dans les bars et les cabarets des grandes métropoles, celui-là même qui donne la dîme pour la guerre sainte des jihadistes takfiristes.
Le jour où tes parents ont voulu partir travailler dans les pays arabes musulmans, on leur a dit : « Déguerpissez ! Vous êtes des Syriens ! »
Au pays, le village où tu t’ébattais n’existe plus : les missiles de la mort sont tombés de la terre, du ciel et de la mer. Les écoles sont devenues des lignes de démarcation entre les belligérants. Les rues sont désormais les traquenards des snipers qui s’amusent de tirer sur les passants et ceux qui sont restés. Les terres ont été saisies par les princes de la fornication institutionnalisée qui crucifient les gens à leur guise, les décapitent ou les brûlent vivants. Le patrimoine, l’Histoire sont devenus des terrains de jeu privilégiés pour les bandits qui détruisent les monuments, les sépultures et les statues !
Repose en paix, petit frère, fils de ma mère. Repose en paix, toi la Mort syrienne… Toi la Mort qui a honte de nous.


Khalil Harb


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