vendredi 1 février 2019

Pour un contrôle démocratique de l’industrie du sondage au Québec


Voici le texte du Collectif-RISQ paru dans Le Devoir du 1er février 2019



Le Collectif RISQ propose que soit créé un organisme de contrôle public, qui aurait pour mandat d’encadrer obligatoirement toutes les entreprises de sondage au Québec.

COLLECTIF RISQ

LETTRE OUVERTE

Pour un contrôle démocratique de l’industrie du sondage au Québec 

1 février 2019

Le Collectif pour la règlementation de l’industrie du sondage au Québec (RISQ) est un groupe de citoyens et citoyennes qui croient que l’industrie du sondage au Québec n’est pas suffisamment encadrée d’un point de vue légal. Il a été créé afin d’amener les gouvernements fédéral et du Québec à légiférer pour protéger les citoyens, les consommateurs et les employé-e-s face à une industrie devenue beaucoup trop influente sur notre société. Nous en avons eu un exemple frappant lors de la dernière campagne électorale au Québec dans laquelle, les sondages, leur attente, leur interprétation et influence devenaient des sujets en soi éclipsant souvent les enjeux réels et prises de position des partis et candidat-e-s. Cela est d’autant plus ironique, que comme souvent dans le passé, les résultats réels de l’élection du 1er octobre 2018 ont été très imparfaitement prédits par ces « pécialistes » de l’opinion.

Malgré le poids de cette industrie dans les débats démocratiques, non seulement durant les campagnes électorales, puisque l’on sonde aussi en tout temps sur des projets précis, les personnalités qui feraient un meilleur chef de parti ou premier ministre, les priorités des citoyens et citoyennes, etc., celle-ci opère dans des conditions d’opacité inquiétantes. Actuellement, la multiplication des méthodologies utilisées par les entreprises de sondage, ainsi que le caractère non probabiliste de plusieurs sondages, souvent réalisés par internet, provoque beaucoup de confusion et de désinformation. D’ailleurs ces méthodologies sont souvent exposées de façon très sommaire, lorsqu’elles le sont, ce qui empêche de se prononcer de façon sure quant à la fiabilité des résultats obtenus.

N’oublions pas également les questions que l’on peut se poser sur la neutralité de ces entreprises, dépendantes de commanditaires qui les paient pour procéder et qui peuvent avoir des liens étroits avec des groupes financiers ou médiatiques. On n’a qu’à penser aux cas de Léger avec Québecor ou de CROP avec La Presse.

Or l’organisme d’autoréglementation de l’industrie au Canada, l’Alliance de la recherche et de l’intelligence marketing (ARIM), qui assurait un minimum d’encadrement aux entreprises qui en étaient membres sur une base volontaire, a cessé ses activités il y a quelques mois. Ce qui signifie également que le public n’a plus aucun lieu pour porter plainte, le cas échéant.

Dans ce contexte, le Collectif RISQ propose que soit créé un organisme de contrôle public, qui aurait pour mandat d’encadrer obligatoirement toutes les entreprises de sondage au Québec. Il aurait le pouvoir d’évaluer tous les projets de sondage soumis quant à leur méthodologie et caractère éthique des questionnaires, ainsi que de s’assurer du respect d’obligations de transparence sur les commanditaires, les échantillons et l’utilisation des résultats.

Nous croyons de plus qu’afin de préserver un espace de débat démocratique, la réalisation et la diffusion de sondages devraient être restreintes durant les campagnes électorales. C’est une pratique courante en Europe où la publication de sondages peut être interdite 24 heures (France), 5 jours (Espagne) ou même 15 jours en Italie. On parle alors de période de « silence électoral » permettant aux électeurs de réfléchir à tête reposée à leur choix.

Nous souhaitons lancer le débat sur ces questions en invitant tous les individus et groupes intéressés à y participer.

Luc Bordeleau, François Brosseau, Serge Leclerc et Sébastien Rivard,   
pour le Collectif RISQ.


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