mardi 25 février 2014

La commission Charbonneau laissera-t-elle tomber le volet crucial du financement des partis provinciaux?

Paul Cliche nous parle de la commission Charbonneau


   
La commission Charbonneau laissera-t-elle tomber le volet crucial du financement des partis provinciaux?

Plusieurs observateurs des travaux de la commission Charbonneau, y inclus le député sortant de St-Jérôme Jacques Duchesneau, se demandent si cette dernière va aborder, avant la fin de ses travaux, le volet crucial de son mandat sur le financement des partis politiques provinciaux. Au rythme où vont les choses on craint qu’elle manque de temps. Alain Gravel, journaliste d’enquête à Radio-Canada, considère même que la commission sera un échec si elle ne fait pas la lumière sur cette question. Certes, si ça se produisait les contribuables digéreraient mal les dépenses élevées que sa tenue a entrainées.

Pourtant, lors du témoignage qu’il a rendu au début des audiences de la commission, en juin 2012, M. Duchesneau, qui venait de quitter sa fonction de patron de l’Unité anticollusion du ministère des Transports, avait allégué que 70% de l’argent recueilli par les partis provinciaux était de provenance illégale. C’est avec cet «argent sale» qu’ils peuvent faire des élections, avait-il précisé. Mais par la suite la commission n’a jamais cherché à corroborer cette allégation percutante même si le témoin lui a remis un rapport -qui n’a pas été déposé- relatant les témoignages de 13 personnes qui se sont confiées à lui.

D’ailleurs, c’est la seule fois, en 20 mois d’audiences où il a été question du financement des partis politiques provinciaux sauf, de façon incidente, dans deux témoignages. Le premier est celui de l’entrepreneur Lino Zambito mettant en cause l’ex-vice première ministre libérale Nathalie Normandeau puis l’ex-organisateur libéral Pierre Bibeau et l’ex-ministre libérale Line Beauchamp. Le deuxième est celui de l’organisateur d’élections Gilles Cloutier mettant en cause l’ex-ministre péquiste des Transports Guy Chevrette.

Tout le reste des audiences a été consacrée au volet municipal du mandat -ad nauseam, déplorent certains- puis à la FTQ-Construction et au Fonds de solidarité de la FTQ. Par ailleurs, on peut se demander s’il y aura des suites aux perquisitions effectuées par l’UPAC au quartier général du Parti libéral. On peut aussi se demander si les contrats accordés par le ministère de Transports, le plus gros fournisseurs d’emplois dans l’industrie de la construction au Québec, seront mis sous examen en conformité avec le mandat qu’a reçu la commission.

Malheureusement, il se déroulera une nouvelle élection générale au Québec sans que la population ait pu être informée de ce qui s’est passé dans ce dossier nauséabond au cours des dernières décennies. Ces informations seraient pourtant très utiles aux électeurs pour leur permettre de faire un choix éclairé. Les Québécois sont en droit de connaitre la vérité sur ce dossier trouble que les deux partis dominants à l’Assemblée nationale s’entendent comme larrons en foire pour camoufler parce que le dévoilement de certaines de leurs pratiques illégales pourrait les éclabousser.

Paul Cliche,
Montréal, le 24 février 2014


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