lundi 3 février 2014

Qui doit modérer ses transports ?

Laissons Francis Lagacé nous parler de transport en commun


Qui doit modérer ses transports ?

3 février 2014

Cette jolie expression surranée n'est sans doute plus très connue des jeunes. Les transports auxquels elle faisait référence étaient les mouvements de l'âme, les excès d'émotion, et le conseil de «modérer ses transports» visait à ménager une personne dont les emportements risquaient de lui causer des ennuis.

Toutefois, c'est bien ennuyeux, mais il me semble qu'au propre comme au figuré, c'est toujours aux mêmes à modérer leurs transports. Ce n'est pas à ceux qui mènent grand train (de vie s'entend) qu'on demande de se modérer, mais toujours à ceux qui ont moins.

Ainsi, j'entendis la semaine dernière le président de la Société des transports de Montréal annoncer que ladite société réduirait ses dépenses et augmenterait ses tarifs. Que les autobus, si j'ai bien compris, circuleraient un peu moins souvent, ce qui au bout du compte ferait faire de grandes économies.

Doit-on chercher la rentabilité d'un service public? À long terme, qu'est-ce qui est le plus profitable pour une société? Inciter les gens à faire usage du transport en commun ou les en décourager? Le métro est déjà à pleine capacité. Au contraire de réduire la fréquence des bus, il faut l'augmenter, investir davantage dans le public.

Certaines villes se sont même fait un point d'honneur de rendre le transport en commun gratuit (ce qui est une excellente publicité pour elles). Des villes moyennes certes (Aubagne, Compiègne en France, Hasselt en Allemagne), mais aussi de grandes villes (Tallin en Estonie, le centre-ville de Portland en Oregon).

Avoir une vision d'avenir, c'est encourager l'utilisation du transport en commun qui rendra la ville plus conviviale et attirera plus de résidents (donc à terme de l'activité économique et des revenus).

Avoir une vision rétrograde, c'est chercher à faire des économies dans les services essentiels, ce qui décourage les usagers, encourage encore la voiture et la pollution qui s'ensuit, alimente le discours des partisans de l'auto, qui mesurent la qualité de vie au plus grand nombre de kilomètres parcourus avec aisance et qui ne feront désormais que passer en ville pour y laisser leurs émanations de carbone.

LAGACÉ, Francis 




Aucun commentaire: