mercredi 12 octobre 2016

Où les routes nous mènent


Souhaitons un bon retour à notre ami Francis Lagacé


Où les routes nous mènent 

11 octobre 2016

À la fin de mon billet dernier, mes lectrices et lecteurs recevaient congé jusqu'à la fin de l'été. Cet été fut même prolongé de trois semaines puisqu'il y a bien vingt jours que l'automne s'est présenté. Voilà ce qui arrive quand, la retraite venue, on ne se sent plus l'obligation du face à face homme-écran. Les routes du libéré du travail sont tortueuses, elles serpentent à plaisir et paressent à leur gré.

C'est une excursion dans la colorée campagne québécoise qui me ramène au fil du clavier. Réflexions devant la triste campagne présidentielle française où risquent de s'affronter un pleutre esclave du capitalisme et un escroc chevalier du même capitalisme, la sinistre campagne présidentielle états-unienne où se déchirent un fou furieux et une docile servante du consumérisme, puis l'anecdotique feuilleton politique québécois où chacun essaie d'inventer la roue que d'autres font tourner depuis longtemps, de quoi se sentir las des sentiers prévisibles qui bifurquent toujours pour éviter les surplombs et nous entraînent toujours plus bas dans les fondrières.

Ce fut décidé, nous irions contempler les chatoyants paysages automnaux en direction de l'abbaye bénédictine qui domine le charmant lac Memphrémagog. Nous nous y approvisionnerions de gourmandises paradoxalement préparées par des serviteurs d'un dieu qui condamne pourtant l'abandon sensuel à la bonne chère au point d'en faire un péché capital : fromages, cidre et autres délices de pomme ont rempli notre besace.

Sur la route des bons pères, on avait l'impression d'entrer dans un kaléidoscope rougeoyant. Un peu partout des tapisseries flamboyantes servaient de décor à notre trajet, certains arbres avaient l'air de torches éclairant une allée triomphale alors que des bosquets primesautiers nous offraient un véritable camaïeu du rouge le plus saturé jusqu'au jaune le plus clair.

Ce plaisir immense que nos panoramas offrent aux touristes, pourquoi faut-il que la signalisation québécoise le gâche en transformant les excursions en énigmes labyrinthiques ? Laissons de côté le colossal et chaotique chantier que sont devenues nos voies de circulation pour nous attarder à la façon dont les renseignements sont fournis sur les panneaux routiers. À moins de savoir déjà quel est le chemin à prendre, la signalétique routière n'est d'aucune utilité sinon une nuisance.

Alors qu'en Europe, au sortir d'une ville, on trouve les directions des autres grandes villes de sorte qu'on puisse bien s'orienter, ici on n'aperçoit que les noms des petites villes voisines. Vous sortez du pont Jacques-Cartier, car l'entrée sur la route 25 Sud vous a été interdite et votre direction est Magog, donc la direction générale de Sherbrooke. Mais, que voyez-vous devant la fourche où vous devez choisir ? D'un côté, on vous annonce le boulevard Taschereau et de l'autre Laprairie. Comme si, sur le périphérique parisien, on vous offrait le choix entre l'avenue Jean-Jaurès de Pantin et Pontoise.

Quand vous rentrez de l'Estrie par l'autoroute 10 et que vous voulez rejoindre le tunnel Louis-Hippolyte-Lafontaine pour atteindre l'est de la ville de Montréal, on vous indique de prendre l'autoroute 30 puis l'autoroute 25 Nord. Le problème, c'est qu'une fois sur l'autoroute 30, on ne vous annonce plus l'autoroute 25 Nord, mais seulement l'autoroute 20 Ouest. Alors, à moins de savoir que la dernière nous amène à la première, vous continuerez tout droit vers Sorel et raterez Montréal. Il faut le faire !

La signalisation québécoise semble avoir été faite par des marguilliers locaux plus soucieux de bien baliser leur propre échoppe que d'orienter le voyageur. Vous me direz : « Ce n'est plus nécessaire maintenant, la signalisation, il y a le GPS ». Il y aurait long à « renoter » là-dessus, comme disait mon vieux, surtout quand on voit les trajets farfelus que la parlote électronique nous serine.

Mais terminons tout de même en insistant sur la beauté ardente des forêts estriennes en ce bel octobre.

LAGACÉ, Francis

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