mardi 12 novembre 2013

L’autoglorification des banquiers : «full cool»



L’autoglorification des banquiers : «full cool»

Léo-Paul Lauzon- 5 novembre 2013

Absolument rien n’échappe à nos belles grosses banques canadiennes qui réalisent des profits records par milliards de dollars chaque année, pas à cause qu’elles sont efficaces mais seulement dû au fait qu’elles forment au Canada un «oligopole» confortable qui a mis fin aux guerres de prix, que les Canadiens paient plus cher que les autres leurs services financiers et qu’il y a peu de place pour l’innovation. Oh, oh, minute, papillon. Faut pas me crier des noms, même si j’aime ça. Ce n’est pas du tout moi qui formulé ces propos peu flatteurs sur l’oligopole des banques canadiennes, mais la prestigieuse revue The Economist reproduits dans Les Affaires du 22 mai 2010. Oligopole et monopole privés dans les domaines du cellulaire, de l’essence, du ferroviaire (CN et CP), des cartes de crédit, de l’alimentation au détail, du gaz naturel (Gaz Métro), des pharmaceutiques, de l’internet, etc. Et après vous vous demandez pourquoi on paie au Québec et au Canada l’ensemble de nos produits et services environ 20% plus cher qu’aux Etats-Unis, même si nos entreprises canadiennes paient moitié moins d’impôt sur le revenu qu’aux States? Elles jouent tous au gros ici mais se font petites face à la concurrence étrangère. En passant, le taux d’impôt fédéral actuel des compagnies est de 15% au Canada contre 33% chez nos voisins du sud. Selon Harper, les baisses d’impôts consentis aux compagnies canadiennes étaient censées se répercuter dans des baisses de prix. Une autre légende patronale.

Alors, il se fait que pour continuer à nous endoctriner avec leur propagande perpétuelle, nos banques canadiennes ont eu la merveilleuse idée de créer leur propre Temple de la renommée bancaire. Une audacieuse initiative propre à contrer l’immobilisme. Y sont intronisées à ce cénacle : «des personnes qui beaucoup contribué à la croissance et à la prospérité du Canada et au bien-être de tous les Canadiens», comme justement mon banquier préféré et mon idole, monsieur L. Jacques Ménard de la Montreal Bank. C’est pas à cause que monsieur L. Jacques Ménard s’est fait rouler dans la farine, du temps qu’il était au conseil d’administration des Expos de Montréal, par un vendeur d’œuvre d’art américain du nom de Jeffrey Loria, et de son gendre David Samson, qu’il doit s’abstenir de se rendre hommage à lui-même. Un homme très important que je vous dis, et qui a même été invité au récent mariage de la petite-fille de feu Paul «Power» Desmarais. Le chanceux, va.

Et pour faire connaître honorablement les hommages qu’ils se rendent eux-mêmes, le Temple de la renommée bancaire a annoncé la bonne nouvelle au peuple en se payant des pleines pages de publicité dans nos plus importants médias écrits. Des millions bien investis en publicité afin que la population, en ces temps moroses, jubile lors de la publication des nouveaux intronisés et explose de joie en apprenant que le Québécois L. Jacques Ménard, le boss de la Montreal Bank au Québec, a été reçu dans ce club très sélect : «Le nouveau Temple de la renommée des financiers intronise trois Québécois» (Le Devoir, 11 juillet 2013). Après le Temple de la renommée au hockey et au baseball, vient le Temple de la renommée des banquiers. Faut vraiment être à la fois niais et imbu de soi-même pour s’auto-glorifier ainsi. Une toute petite gêne devrait être de mise mais ils ont (les banquiers) tellement un gros front de bœuf. Et dire que certains médias écrits ont rapporté ces «plugs» sous forme d’articles très sérieux. N’ont-ils pas des choses plus sérieuses à rapporter?

L. Jacques Ménard, un philanthrope, selon J.P. Décarie
 
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