samedi 9 novembre 2013

Plan d’électrification du transport du PQ : Un pas en avant vers une politique d’électrification de droite



Plan d’électrification du transport du PQ : Un pas en avant vers une politique d’électrification de droite



mardi 5 novembre 2013, par Jean-Pierre Duchesneau

Vendredi 1er novembre, la première ministre du Québec annonce que le gouvernement consacrera 516 millions de dollars d’ici 2017 à l’électrification des transports. Devons-nous nous réjouir ? Doit-on saluer l’effort, la volonté politique ? J’aimerais beaucoup vous dire oui, car nous en avons grandement besoin, mais à mon avis, c’est non seulement insuffisant, mais également orienté dans la mauvaise direction.

Les investissements proposés ne ciblent pas les bons secteurs de l’économie. Comme je le précisais dans ma vidéo Sortir du noir, choisir l’or vert, [1] la planète et notre santé ont grand besoin d’un changement majeur dans le domaine du transport. Le secteur du transport est responsable de 44 % des émissions de gaz à effet de serre du Québec. De plus, le secteur du transport est responsable d’une bonne partie de la pollution atmosphérique qui a des impacts importants sur la santé des personnes. Et que nous propose le gouvernement péquiste ? Un demi-milliard de dollars sur trois ans, dont la vaste majorité pour le transport individuel plutôt qu’un investissement dans le transport collectif. Cela représente seulement 0,23 % du budget du Québec qui est de 75 milliards de dollars par année ; pourtant, en février dernier, devant le milieu des affaires, Pauline Marois disait : « L’électrification de nos transports, c’est ce qui, pour moi, doit devenir le projet du 21e siècle pour le Québec »` [2] . Il faut croire que madame Marois manque de conviction.

Outre des montants peu structurants, un des problèmes de ce plan c’est qu’il vise davantage le transport individuel alors que ce sont les transports collectifs qui nous permettent de lutter de manière efficace contre les GES et la pollution atmosphérique. C’est vers des incitatifs pour l’achat de véhicules électriques pour le gouvernement, les entreprises de taxi et l’individu que le gouvernement met l’accent. Au total, on nous parle de 12 500 nouveaux véhicules électriques dans le parc automobile du Québec d’ici 3 ans. Soit environ 0,32 % du parc auto qui, en 2007 comptait 3 933 133 véhicules de promenade. [3]

Pauline Marois et son gouvernement misent également sur l’industrie privée. Plus de 200 M$ sont prévus pour bâtir une filière industrielle performante. Ici, « le gouvernement veut attirer des joueurs de calibre mondial en misant sur des leaders québécois de l’industrie déjà présents au Québec, comme Bombardier Transport, Nova Bus et Prévost Car. ». [4] Ce faisant, elle reste en droite ligne avec son budget de novembre 2012 où il était affirmé que « L’investissement privé est la clé de la croissance économique et un gage de prospérité. » [5] Pourtant on sait que l’objectif premier de l’industrie privée c’est le profit. Et pour augmenter son profit, celle-ci est prête à tout. Pensons à toute la collusion et à l’aspect non démocratique de leurs choix d’investissement régis non pas par les besoins sociaux, mais par cette soif de profits. Peut-on vraiment croire que l’industrie privée peut être le moteur de ce changement majeur dans nos choix énergétiques ? Certains prétendent que l’industrie privée peut avoir une vision verte si on l’encourage. L’encourager comment, par nos impôts ? Alors, pourquoi payer à même nos impôts pour que le 1 %, ceux qui contrôlent l’économie, augmentent encore leur pouvoir au détriment de la vaste majorité de la population ? Pourquoi ne pas développer nos propres sociétés sous contrôle social ? C’est à dire contrôlé par des instances démocratiques ayant des critères d’investissement respectant les besoins de la population. Voilà, à mon avis, la direction que doit prendre une véritable politique d’électrification des transports.

Actuellement, l’auto est reine sur nos routes. L’ajout de 12 500 véhicules électriques peut être intéressant, mais il ne freine en rien l’étalement urbain. Bien sûr, ça ne veut pas dire que nous sommes contre l’auto électrique. Les banlieues existent et nous devons en tenir compte, mais nous devons trouver des solutions qui permettront d’abaisser leurs empreintes écologiques. Nous devons investir davantage vers le transport collectif qui doit devenir plus attrayant que l’usage de l’auto individuelle. Il doit devenir un choix logique parce qu’il est plus rapide, plus efficace et moins cher. Il faut développer un vaste plan de transport collectif à l’échelle du Québec dont les objectifs prioritaires devraient favoriser le développement des transports électriques et assurer l’accessibilité, l’universalité, voire la gratuité des transports publics. Ce plan doit aussi comporter le développement du transport actif comme les pistes cyclables et une série de mesures afin de limiter l’usage individuel de la voiture, particulièrement en milieu urbain. Québec solidaire propose un investissement de 5 milliards de dollars de plus dans les transports collectifs pendant 5 ans. [6]

Évidemment, nos gouvernements ont si peu fait pour l’électrification des transports qu’on peut avoir tendance à saluer l’effort politique de ce plan d’électrification des transports. Mais il ne faut pas se laisser berner par ce pas en avant. Un pas en avant vers une politique d’électrification de droite, c’est-à-dire une politique qui vise davantage l’industrie privée et le transport individuel. Une politique qui passe à côté des défis que notre société doit relever du point de vue de la lutte au changement climatique, de la lutte contre la pollution atmosphérique et contre l’étalement urbain.

Jean-Pierre Duchesneau
Candidat de Québec solidaire Montmorency

 
Notes

[1] Voir : http://www.jpduchesneau.net/2013/10...

[2] Voir : http://www.ledevoir.com/politique/q...15 février 2013.

[3] Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Transp...

[4] François Normand, Les affaires, 1er novembre 2013.

[5] Le budget en un coup d’oeil, http://www.budget.finances.gouv.qc...

[6] Source : Solidarités, No 3, Automne – Hiver 2013, page 2.

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