mardi 17 juin 2014

Hubert Reeves : "le nucléaire ? Non merci !"



Hubert Reeves : "le nucléaire ? Non merci !" 

dimanche 15 juin 2014, par Hubert Reeves

Un grand débat se poursuit aujourd’hui sur la question de l’énergie nucléaire. Il y a, d’une part, la nécessité et l’urgence d’arrêter la marche du réchauffement climatique avant que la situation ne devienne ingérable. D’une façon plus quantitative, on estime la limite acceptable de rejet de carbone dans l’atmosphère à moins d’un million de tonnes depuis le début de l’ère industrielle. Nous en avons déjà rejeté cinq cent mille tonnes et nous en rejetons plus de dix mille tonnes par année. Ainsi, la date limite serait atteinte avant 2050. Plus tôt encore si nous continuons à augmenter notre consommation de gaz à effet de serre.

Par ailleurs, les risques et dangers des réacteurs nucléaires sont bien connus : stockage des déchets, attaques terroristes possibles, réchauffement des eaux de refroidissement des réacteurs. Serons-nous obligés, malgré les risques, d’investir massivement dans la filière nucléaire ? Cette chronique est une réflexion sur ce sujet à la lumière d’un événement récent qui a fait beaucoup de bruit aux États-Unis (voire l’article de la revue Nature du 15 mai 2014 intitulé : Un accident en attente d’arriver).

Le grand cadeau d’une énergie inépuisable

Quand j’étais étudiant à l’université Cornell aux États-Unis, avec nos professeurs, nous étions tous d’ardents défenseurs de l’énergie nucléaire. Nous nous sentions les apôtres d’une cause qui allait apporter aux humains le grand cadeau d’une énergie inépuisable, la fin de la pauvreté dans le monde. Pourtant, un de nos meilleurs enseignants, Philipp Morrison, nous mettait en garde : "Le plus grand risque inhérent à cette filière, c’est la routine. On peut prévoir des sécurités contre les accidents provoqués par des machines - disait-il -, mais on n’est jamais à l’abri de risques causés par les hommes." J’ai eu plusieurs fois l’occasion de réaliser la sagesse de cette mise en garde. Les grands accidents nucléaires du passé, Tchernobyl, Three Miles Island..., ont été provoqués par des erreurs humaines.

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