lundi 2 juin 2014

Incompréhensible et affligeant!



Incompréhensible et affligeant! 

31 mai 2014

Ce sont les mots qui me viennent à l’esprit en repensant à un moment récent de ma vie parlementaire. Ça s’est passé le 29 mai dernier à l’Assemblée nationale. Sachant que le Collectif pour un Québec sans pauvreté faisait sonner les cloches dans 14 villes du Québec et se mobilisait pour exiger des mesures éliminant la pauvreté, nous, les députés-es de Québec solidaire, avons décidé de mettre le Ministre des finances et ses collègues à l’épreuve. Nous avons présenté cette motion :

« « Que l’Assemblée nationale presse le ministre des Finances de s’engager à inclure une clause d’appauvrissement zéro dans les orientations du prochain budget afin que le retour à l’équilibre budgétaire n’affecte pas négativement les conditions de vie et les revenus des populations les plus pauvres du Québec. »

Le gouvernement a refusé d’en débattre. Surprenant? Oui et non. Oui car le Premier ministre Couillard ne cesse de répéter que, dans sa politique de « rigueur » budgétaire, il «apportera une attention particulière aux populations vulnérables ». Non parce que les Libéraux sont les Libéraux. Ont-ils déjà travaillé sérieusement à éliminer la pauvreté? Le gouvernement Charest a donné une piteuse demi-indexation des prestations d’aide sociale aux prestataires durant quatre ans. Lamentable.

La Coalition avenir Québec a refusé de se joindre à Québec solidaire pour présenter cette motion. Pourquoi? Mystère. Relisez le libellé : il demande simplement d’épargner les plus pauvres de toute mesure qui les appauvrirait davantage.

Et la cerise « sur le sundae »: le Parti québécois refuse aussi de s’associer à Québec solidaire. Je n’en croyais pas mes yeux! Des députés de ce parti avaient brillamment plaidé la cause des organismes communautaires quelques minutes auparavant. Mais le bureau de leur leader indiquait à QS qu’il ne serait pas conjoint sur notre motion. Pourtant, mes collègues péquistes, qui fréquente les épiceries et friperies coopératives, qui habite un logement social avec soutien communautaire, qui bénéficie le plus des cuisines collectives? Des personnes assistées sociales, des travailleuses et travailleurs précaires, des gens âgés et pauvres. Celles et ceux qui sont soutenus par des milliers d’organismes communautaires.

Si je vous comprends bien : les organismes suppléent à un manque de justice élémentaire de plus en plus criant. Vous le savez. Vous appuyez leur demande pour un financement accru. Mais votre refus de souscrire à notre motion signifie que vous consentez à l’appauvrissement de populations vulnérables au nom de la sacro-sainte atteinte du déficit zéro. Navrant.

Plus ça change

Tout cela me rappelle un événement à la fois troublant et marquant. Je me souviens du Sommet sur l’économie et l’emploi de 1996. Un immense forum, des dizaines de représentants de « l’élite » économique, des syndicats, des acteurs municipaux, des politiciens-nes, des leaders de groupes jeunesse et de quelques organismes communautaires. C’est Lucien Bouchard, alors Premier ministre péquiste, qui avait convoqué cette grand-messe avec l’objectif très clair d’en arriver à un consensus autour de l’atteinte de l’équilibre budgétaire.

Je représentais la Fédération des femmes du Québec. J’avais dit : « Ok pour l’atteinte de l’équilibre budgétaire mais pas au détriment des personnes les plus pauvres. Je demande au Premier ministre de souscrire à une clause d’appauvrissement zéro pour les plus mal-pris de la société ».

Sa réponse? Un non catégorique. Dans un silence pesant. Avec mes amis du FRAPRU, j’ai quitté la salle et n’ai donc pas participé à la symphonie du consensus.

Ce matin, j’ai revécu ce moment. Un même silence régnait au Salon bleu. Un malaise Il est vrai qu’il y a quelque chose d’étrange à consentir à l’appauvrissement de celles et ceux qui n’ont pas demandé à être pauvres et qui en arrachent chaque jour.

J’ose encore espérer que mes collègues députés-es et même ministres vont insister auprès du Ministre des finances pour qu’il épargne, dans son budget, les personnes vulnérables de la société québécoise. La décence la plus élémentaire l’exige.

Françoise David
Députée de Gouin



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