lundi 11 août 2014

Bonté humaine

Francis Lagacé nous parle de la bonté humaine.


Bonté humaine 

11 août 2014

Tous les jours, les êtres humains font preuve de bonté les uns envers les autres. Ils ne le font pas au hasard pour s'en vanter dans leur club ou sur leur page Facebook. Ils le font au moment où ça convient parce que c'est la chose à faire à ce moment-là. Ils n'en tirent aucune gloire ni aucun avantage autre que celui d'exprimer leur humanité.

Voici une anecdote pour illustrer ce fait. Je venais de monter dans le RER B (le train régional) en direction de Paris à l'aéroport Charles de Gaulle. C'était jour de grève et il ne circulait qu'un train sur trois. Nous étions déjà fort entassés dès la première station.

Je me suis trouvé, dans l'espace entre les rangées de sièges, adossé à l'un de ces sièges, tenant ma valise placée à la verticale sur mon côté gauche et mon sac à main sur ladite valise que je tenais près de moi pour éviter qu'il ne se balade. De l'autre côté de la valise, un jeune homme, grand, mince, peut-être d'origine africaine. Je dis ça parce qu'à la station suivante, un de ses potes a réussi à se faufiler près de lui et ils se sont parlé dans une langue qui, à mon oreille, me semble africaine.

À la troisième station, moment d'arrêt. Tellement de monde qu'il fallait se retenir de respirer pour se faire plus petit. À la station suivante, il y avait même des gens qui ne portaient pas à terre, collés contre les parois de la voiture.

Voyant une sorte de panique se former dans mes yeux de Nord-Américain, le jeune homme a posé sa main sur la mienne. Ce n'était pas un toucher de séduction. La main était ferme et amicale, pas caressante. Ce n'était pas non plus la main furtive du voleur, qui glisse et disparaît aussitôt, non, elle était posée et immobile.

Je l'ai regardé, il m'a fait un sourire d'une franchise et d'une bonté rassurantes. Ce n'était pas un sourire moqueur, ni un sourire de séduction, non un sourire amical. L'effet recherché s'est réalisé : je me suis apaisé et j'ai pu supporter le voyage.

Arrivés en Gare du Nord, nous nous sommes déversés sur les quais comme des milliers de poissons recrachés par un chalut sur le pont d'un navire de pêche. La cohue nous a séparés, je me suis mis à l'écart et ai attendu mon compagnon de trajet. Il est arrivé, m'a souri et m'a demandé si j'allais bien. J'ai répondu que je m'en tirais fort décemment. Je l'ai remercié en lui donnant la main et en lui touchant l'épaule, comme font de vieux amis, et nous sommes repartis chacun de notre côté en nous souhaitant bonne journée.

N'est-il pas approprié de se rappeler que la plupart des gens sont bons la plupart du temps?

LAGACÉ, Francis





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