jeudi 1 mai 2014

Le gouvernement Couillard, pilote de la régression sociale du Québec


 

Le gouvernement Couillard, pilote de la régression sociale du Québec 


mardi 29 avril 2014, par Bernard Rioux

Le gouvernement Couillard veut frapper vite et fort contre nos services publics. Il annonce que le moment des décisions difficiles est venu et que nous sommes rendus à l’heure des grands changements. Durant la campagne électorale, Philippe Couillard avait d’abord parlé d’emplois et de relance de la croissance. Mais s’il postule si rapidement au poste de pilote de la régression sociale, c’est que cette démarche était déjà esquissée dans les officines du Parti libéral du Québec par les économistes néolibéraux appelés à occuper les postes stratégiques dans la conduite des affaires gouvernementales.

Le gouvernement Couillard fait du déficit zéro sa priorité

Aussitôt formé, le conseil des ministres du gouvernement libéral faisait de l’équilibre budgétaire sa priorité. Pour y parvenir, il faut, a déclaré le premier ministre, arrimer les dépenses aux revenus et opérer des coupures de 3,7 milliards de dollars pour en finir avec le déficit. La gravité de ce dernier n’était pas tant sa hauteur que son caractère structurel. C’est pourquoi le gouvernement se donnait comme tâche de questionner la pertinence de tous les programmes sociaux et d’éliminer les programmes non pertinents ou trop coûteux. Le ministre des Finances, Carlos Leitao, a annoncé un voyage à New Y ork après le dépôt de son budget pour rencontrer les agences de notation et déterminer avec ces derniêres les conditions du maintien de la cote de crédit du Québec.

Le gouvernement libéral a fait son choix : tout pour réduire les dépenses, et surtout, rien pour augmenter les revenus et opérer une quelconque redistribution de la richesse. Le gouvernement n’a rien à dire sur les évasions fiscales et l’utilisation des paradis fiscaux. Ces sujets sont tellement tabous que le silence à leur égard en est assourdissant. Comme est également passé sous silence les politiques de privatisation que ce gouvernement nous prépare et qui seront renforcées par l’affaiblissement du secteur public.

Pour préparer le terrain, le gouvernement demandait à deux économistes de droite, Luc Godbout et Claude Montmarquette, de faire une étude sur l’état des finances publiques. Les conclusions attendues furent, bien sûr, au rendez-vous : la situation des finances publiques était très grave. Il faut pour parvenir à l’équilibre budgétaire : geler la masse salariale des employéEs de l’État, diminuer les frais administratifs, mettre fin aux embauches dans le secteur public en ne remplaçant pas les départs, hausser les tarifs de différents services publics et, enfin, privatiser une partie (autour de 10%) de la Société des Alcools et d’Hydro-Québec. Un beau programme néolibéral qui s’attaque au bien commun au profit de l’oligarchie économique qui cherche, elle, à élargir ses aires d’investissement aux dépens des services publics.

Un gouvernement qui veut en découdre avec les employéEs de la fonction publique.

Ces politiques de restrictions budgétaires, dans le cadre des négociations qui approchent dans le secteur public, montrent que le gouvernement libéral veut en découdre avec les employées du secteur public. Négocier dans un contexte de restrictions budgétaires, c’est affirmer haut et fort que le gouvernement est en demande et qu’il exigera de ses employéEs une accumulation de reculs de leurs conditions de travail et d’emploi. La conclusion qui semblerait logique de tirer d’un tel contexte, c’est la nécessité de construire un rapport de force qui permettrait de faire face à une offensive qu’il faut bien dire frontale.

La politique d’austérité gouvernementale est porteuse d’une régression sociale inacceptable.

Par sa politique de tarification des services publics, le gouvernement va appauvrir la population du Québec. Hausser les frais de garde à 9$ va appauvrir les familles du Québec. Ce n’est pas d’une hausse de tarifs des frais de garde dont a besoin la population du Québec, mais d’un réinvestissement pour créer de nouvelles places dans les CPE pour répondre aux besoins criants des familles.

Il ne faut pas couper en éducation, diminuer le personnel professionnel, favoriser les retraites anticipées, mais investir pour pouvoir soutenir les enfants en difficultés, mais aussi en finir avec le financement des écoles privées qui favorisent la mise en place d’écoles élitistes aux dépens des besoins de l’école publique.

Des coupures dans le système public de santé ne serviront qu’à créer le terrain à la multiplication de cliniques privées qui seront, le plus souvent, disponibles qu’aux personnes pouvant se les payer. Ces coupures mettront en place une médecine à deux vitesses. Ce qui est nécessaire en santé, ce ne sont pas des dépenses en hausse constante à cause de la cupidité sans fin des trusts pharmaceutiques, mais bien la prise de contrôle de la production et de la distribution des médicaments par la une société d’État.

Ce qui est nécessaire dans la fonction publique, ce n’est pas l’élargissement de la sous-traitance (de la privatisation) des travaux publics. La commission Charbonneau a bien montré pour le secteur de la construction, toutes les conséquences de la généralisation de la sous-traitance : surfacturation, perte de l’expertise publique, développement de la corruption et perte de contrôle des travaux effectués par le privé au nom du gouvernement. L’examen des contrats informatiques donnés par le gouvernement aux entreprises de ce secteur serait également très révélateur des conséquences désastreuses pour les deniers publics de cette politique de privatisation. Et cela, sans parler du recul salarial de 8,3% de la rémunération globale des employéEs de l’État par rapport aux autres salariéEs québécois.

Un simple rappel des politiques proposées par le gouvernement Couillard, qui s’inscrit dans la suite des politiques des gouvernements Charest et Marois, démontre la régression sociale que Philippe Couillard nous prépare.

Les organisations syndicales devant une alternative incontournable : affronter ou converger

Devant une telle intensification de mesures d’austérité annoncées, les organisations syndicales doivent préparer la résistance. Travailler en convergence et s’entendre sur des objectifs dans le cadre de négociations raisonnables sans avoir consolidé un rapport de force pour être à même de contrer les intentions proclamées du gouvernement en place semble une voie impraticable. Il est certain qu’un vaste débat public sur la fiscalité et les finances publiques de tous les acteurs de la société permettrait d’identifier que l’argent disponible s’accumule dans les coffres des banques et des grandes entreprises financières, commerciales et manufacturières. Mais sans réel rapport de force, sans une mobilisation active et militante des classes travailleuses, sans l’utilisation de moyens d’action qui perturbent la vie économique quotidienne, sans le déploiement de larges campagnes d’information qui dénoncent la concentration des richesses et le caractère illégitime de cet accaparement, l’oligarchie et les politicenNEs à son service, continueront à vouloir imposer leur politique d’austérité...

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