jeudi 9 octobre 2014

Pour faire avancer la paix : combattre le militarisme canadien



CONTRE LA GUERRE

Pour faire avancer la paix : combattre le militarisme canadien 

mardi 30 septembre 2014, par Collectif

C’était, il y a quelques jours, la Journée internationale de la paix (21 septembre). Alors que sévissent de nombreux conflits dans le monde, une question simple se pose : comment pouvons-nous, ici même au Québec et au Canada, contribuer à favoriser la paix dans le monde ?

Par la bouche du gouvernement Harper – et sans opposition significative à la Chambre des Communes – une voie nous est proposée. C’est celle, simpliste et destructrice, du militarisme : dans un monde où de graves dangers menaceraient notre sécurité, il faut s’armer et livrer de nouveaux combats, supposément glorieux. Depuis plusieurs années, rien n’est épargné pour nous enfoncer profondément dans cette voie.

Mentionnons d’abord, la politique de « défense », nommée Le Canada d’abord, qui annonce, en 2008, des dépenses militaires de 490 milliards de dollars sur 20 ans, pour accroître l’effectif des Forces canadiennes et les doter des engins de destruction aériens, maritimes et terrestres les plus sophistiqués qui soient. Récemment, on apprenait que cela inclurait une importante flotte de drones armés. En lien avec ce programme d’acquisitions militaires sans précédent, le gouvernement Harper fait la promotion d’une nouvelle prospérité économique fondée sur l’expansion de l’industrie militaire et « de sécurité » canadiennes et sur l’accroissement de ses exportations. La signature, en février 2014, du plus important contrat d’exportation manufacturière – 10 milliards de dollars pour la fourniture, sur 14 ans, de véhicules blindés légers et autres équipements militaires à l’Arabie saoudite – en est une illustration inquiétante. Surtout si on se rappelle que l’Arabie saoudite est un des pays les plus répressifs de la planète et que c’est avec ce type de véhicules qu’elle a écrasé dans le sang le printemps arabe au Bahreïn voisin en 2011.

Cette orientation militariste se manifeste par un empressement à prendre part aux guerres décidées par les États-Unis, dans le cadre ou non de l’OTAN. Les cas de l’Afghanistan et de la Libye viennent immédiatement à l’esprit. Plus récemment, des avions de combat et des équipements militaires ont été rapidement déployés dans le contexte de la crise en Ukraine et des conseillers militaires ont été envoyés en Irak, face aux avancées de l’État islamique.

Le Canada d’aujourd’hui se caractérise aussi par des déclarations incendiaires concernant divers points chauds de l’actualité internationale, prenant tour à tour pour cibles la Russie, la Chine, la Syrie, l’Iran, la Corée du Nord, le Venezuela, etc. Ce faisant, le Canada attise les conflits plutôt que de contribuer à les résoudre et il érode la légalité internationale – vilipendant l’ONU et ses institutions – plutôt que de la renforcer. Cet été, nous avons été témoins de nouveaux sommets dans cette voie dangereuse quand le gouvernement Harper a été le seul de la planète à soutenir sans l’ombre d’une critique l’agression meurtrière d’Israël contre Gaza et à blâmer les Palestiniens et les Palestiniennes eux-mêmes des crimes commis à leur égard !

Des budgets de relations publiques considérables sont octroyés pour accroître le recrutement militaire, favoriser l’omniprésence de l’armée dans les événements sportifs et festifs et glorifier la guerre par diverses commémorations. Depuis 2012, dans le cadre des préparatifs du 150e anniversaire du Canada, des dizaines de millions de dollars ont été dépensés pour commémorer la guerre de 1812, de même que les Première et Deuxième guerres mondiales, tentant ainsi de mousser un nouveau patriotisme militaire.

Le militarisme : un fléau

Pour le Premier ministre Harper, les choses sont simples : « les forces armées canadiennes sont les meilleures au monde » et « L’histoire nous enseigne que la paix éclôt rarement en des sols non remués ». Quant à nous, comme un grand nombre de nos concitoyens et concitoyennes, nous n’éprouvons aucune fierté face au rôle guerrier des militaires canadiens et, surtout, nous tirons des leçons bien différentes de l’Histoire.

Soyons clairs. Rien de bon ne pourra jamais sortir d’une vision manichéenne du monde où s’opposent les forces du Bien et du Mal, vision que partagent d’ailleurs les intégrismes politico-militaro-religieux de part et d’autre. La déshumanisation, voire la démonisation de populations entières, qui découlent d’une telle vision, servent à justifier l’oppression, l’écrasement, les massacres, les génocides.

Non, Monsieur Harper, la guerre n’est pas un simple brassage de sol qui y ferait éclore la paix ! La guerre est la pire des activités humaines, tant par la mort, les souffrances et la destruction qu’elle engendre impitoyablement, que par ce qu’elle saccage dans chaque être humain qui la mène. Le militarisme, qui fonde les rapports entre peuples et individus sur la force, la violence et la domination est l’antithèse des aspirations universelles à l’égalité, à la justice et à la paix. Il se manifeste aussi par une violence sexuelle exercée à l’égard des femmes, tant celles du « camp ennemi » qu’au sein même des armées.

Presque toujours, les intérêts stratégiques, économiques ou politiques qui président aux décisions de faire la guerre sont occultés par une propagande mensongère, qui exagère les menaces ou qui instrumentalise des urgences humanitaires bien réelles à des fins beaucoup moins nobles que celles qu’on proclame.

Les conséquences de ce nouveau militarisme dans lequel on tente d’enrôler la société entière sont terribles, pour qui veut bien s’ouvrir les yeux. Tant en Irak qu’en Afghanistan et en Libye, les interventions militaires occidentales ont dévasté ces pays, approfondi leurs divisions internes et les ont laissés à feu et à sang. Ici même, des mesures d’exception portant atteinte aux libertés civiles et des mécanismes de surveillance totalitaire ont été mis en place. Une culture du secret, de désinformation et de censure s’installe. Et tout ce branle-bas militariste entraîne un détournement massif des fonds publics, au détriment des fonctions sociales de l’État de plus en plus négligées.
Appel à nos concitoyen.ne.s


Il est illusoire de travailler à l’avènement d’un monde de paix et de justice sans s’opposer à la montée du militarisme ici même au Canada et sans dénoncer les prétentions humanitaires derrière lesquelles il tente de se cacher. Quel qu’en soit le prétexte, protestons contre toute implication du Canada dans des guerres ou démonstrations de force de l’OTAN. Protestons contre le détournement des ressources publiques dans la guerre et sa glorification.

Cet automne, à l’occasion du Jour du Souvenir, nous porterons le coquelicot blanc pour symboliser ces prises de position et pour commémorer toutes les victimes des guerres, dont la grande majorité sont des civils. Et nous invitons vivement tous ceux et celles qui partagent nos convictions à le porter également.

Liste des signataires...

SIGNATAIRES

Yves-Marie Abraham, professeur agrégé, HEC, Montréal
Azzedine Achour, directeur, Solidarité Ahuntsic
Claire Adamson, Acting Clerk, Quakers de Montréal
Paul Ahmarani, acteur
François Avard, auteur
Rémi Bachand, professeur, sciences juridiques, UQAM
Anaïs Barbeau-Lavalette, réalisatrice
Gregory Baum, théologien, professeur émérite, Université McGill
Mylène Boisvert, coordonnatrice, Solidarité populaire Estrie
Michel Boyer, maire de la municipalité de Mille-Isles
Danielle Casara, présidente, Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Louise Chabot, présidente, Centrale des syndicats du Québec
Collectif de Québec pour la paix
Alexa Conradi, présidente, Fédération des femmes du Québec
Donald Cuccioletta, historien, spécialiste de la politique américaine
Dominique Daigneault, présidente, Conseil central du Montréal métropolitain-CSN
Françoise David, députée de Gouin, Québec solidaire
Mary Ellen Davis, réalisatrice
Josée Déziel, présidente, Syndicat du personnel enseignant du Collège Ahuntsic
Louise Dionne, coordonnatrice, Comité d’action contre la traite humaine interne et internationale domlebo, artiste
Martin Duckworth, cinéaste
Francis Dupuis-Déri, professeur, science politique, UQAM
Paul Eid, professeur, sociologie, UQÀM
Ariane Émond, journaliste indépendante et animatrice
Aziz S. Fall, président CIRFA
David Fennario, auteur dramatique et acteur
Andrés Fontecilla, président et porte-parole, Québec solidaire
Denise Gagnon, présidente, Centre international de solidarité ouvrière
Françoise Gagnon, coordonnatrice, Association des religieuses pour les droits des femmes
Élisabeth Garant, directrice, Centre justice et foi
François Godbout, président, Antennes de paix
Lorraine Guay, attachée de recherche, UQAM
Mouloud Idir, chercheur, Centres d’études sur le droit international et la mondialisation et Centre justice et foi
Denis Kosseim, professeur, Cégep André-Laurendeau
André Jacob, professeur retraité, École de travail social, UQAM
Robert Jasmin, écrivain, président ATTAC-Québec (2000-2011)
Marc-Édouard Joubert, vice-président général, Conseil régional FTQ Montréal métropolitain
Queen Ka, slammeuse
Amir Khadir, député de Mercier, Québec solidaire
Jooneed Khan, journaliste, écrivain et militant de droits humains
Micheline Labelle, professeure, sociologie, UQAM
Marco Labrie, directeur général, Carrefour de solidarité internationale de Sherbrooke
Danièle Lacourse, cinéaste
Louise Lacroix, co-présidente, Carrefour Tiers-Monde de Québec
Ève Lamont, réalisatrice
Diane Lamoureux, professeure, science politique, Université Laval
Jean-Claude Landry, président, Comité de Solidarité/Trois-Rivières
Line Larocque, 1er vice-présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Régine Laurent, présidente, Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec
Georges LeBel, avocat à la retraite et professeur associé à sciences juridiques UQAM
Raymond Legault, porte-parole, Collectif Échec à la guerre
Gervais L’Heureux, directeur général, Association québécoise des organismes de coopération internationale
Abby Lippman, professeure émérite, Université McGill
Suzanne Loiselle, directrice, L’Entraide missionnaire
Alain Marois, vice-président à la vie politique, Fédération autonome de l’enseignement
Gilles Marsolais, homme de théâtre
Manon Massé, députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques, Québec solidaire
Serge Mongeau, écrivain et éditeur
Charles Montpetit, écrivain
Hélène Morin, coordonnatrice, Femmes en Mouvement, le Centre de femmes de la MRC de Bonaventure
Gabriel Nadeau-Dubois,
Christian Nadeau, professeur, philosophie, Université de Montréal
Sylvie Paquerot, professeure agrégée, sciences sociales, Université d’Ottawa
Andréanne Pâquet, fondatrice, Ce qui nous voile
Jacques Pelletier, professeur associé, études littéraires, UQAM et essayiste
Ricardo Peñafiel, professeur associé, science politique, UQAM
Dominique Peschard, président, Ligue des droits et libertés
Yolande Pieyns, présidente, syndicat de l’Enseignement du Cégep André-Laurendeau
Jean-Marc Piotte, essayiste
Jean-Claude Ravet, rédacteur en chef, Revue Relations
Geneviève Rochette, comédienne
Louis Rousseau, professeur associé, sciences des religions, UQAM
Guy Roy, porte-parole, Parti communiste du Québec
Dimitri Roussopoulos, président-fondateur, Centre d’écologie urbaine de Montréal
François Saillant, coordonnateur, FRAPRU
Angèle Sauvageau, co-présidente, Carrefour Tiers-Monde de Québec
Caroline Senneville, présidente, Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ-CSN)
Michel Seymour, professeur, philosophie, Université de Montréal
Sid-Ahmed Soussi, professeur, sociologie, UQAM
Carmina Tremblay, pour la Collective L’autre Parole
Claude Vaillancourt, écrivain, essayiste et président d’Attac-Québec
Alexandre Vidal, président, Centre de ressources sur la non-violence



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