vendredi 3 octobre 2014

Quand Réjean Parent subodore un complot de Québec solidaire



Quand Réjean Parent subodore un complot de Québec solidaire 


mardi 30 septembre 2014, par Bernard Rioux

Lettre ouverte de François Cyr à Monsieur Archambault : (extraits)}

Réjean Parent disjoncte ou quoi ? Québec solidaire serait une machination des fédéralistes pour que notre indépendance ne se réalise jamais. Pour appuyer sa thèse, il s’appuie sur les dires d’un de ses amis qui a tendance à voir des complots s’ourdir un peu partout et sur une affaire de listes de membres convoités par des militants du Bloc. Il avait sans doute envie d’être convaincu de la sombre affaire qu’il évoque.

Le mépris de M. Parent pour le droit d’expression des différentes opinions politiques reste songeur. Que nombre d’indépendantistes en aient soupé des promesses de bon gouvernement qui se révèlent trompeuses à l’usage, que nombre d’indépendantistes aient été trop de fois déçus par une élite politique nationaliste qui a reporté tant de fois à plus tard le combat concret pour l’indépendance ; que nombre d’indépendantistes considèrent que l’indépendance n’appartient à aucun parti, mais qu’elle sera l’oeuvre de la souveraineté populaire, tout cela ne compte pour rien dans la situation de la lutte pour l’indépendance dans les réflexions du M. Parent. Que les indépendantistes soient aujourd’hui beaucoup plus nombreux et nombreuses que les partisans du PQ, ça, M. Parent, c’est la dure réalité. Il est important d’essayer de la comprendre au lieu de chercher à jeter le discrédit sur Québec solidaire en refusant de discuter un peu sérieusement les propositions que ce parti avance dans la lutte pour l’indépendance.

Votre démagogie de bas étage n’est malheureusement pas nouvelle. Notre très regretté camarade François Cyr l’avait patiemment dénoncée dans une lettre ouverte qu’il adressait en 2011 au président du PQ, M. Archambault, qui s’était laissé aller au même genre de propos méprisant. Il vaut la peine de la relire aujourd’hui.



Lettre ouverte de François Cyr à Monsieur Archambault : (extraits)
 
Dans une contribution au journal Le Devoir (20 mai 2011) au titre accrocheur : Amir Khadir, démasqué, vous expliquez que le choix d’Amir de voter pour le NPD dans sa circonscription révèle la vraie nature de ce dernier et de son parti :

 « Voilà qui confirme non seulement la véritable nature de ce parti, mais aussi, et surtout, les conséquences de sa présence sur la scène politique. Québec solidaire vient de démontrer que la souveraineté est un leurre pour attirer les souverainistes progressistes. »

Pas de chance pour votre thèse, le même jour, un sondage paru dans le journal La Presse, révélait qu’un bon tiers des électeurs péquistes avaient également votés NPD lors des dernières élections fédérales. Ça vous fera pas mal de monde à démasquer, M. Archambault.Tous et toutes des suppôts du PLQ ?

Québec Solidaire serait, non pas un parti politique de gauche et indépendantiste qui aurait droit de cité, mais un leurre, une sorte d’attrape-souverainiste destiné, précisez-vous, à diviser le vote souverainiste pour faire passer les libéraux.

« Un vote pour Québec solidaire aux prochaines élections générales, c’est un vote qui pourrait permettre la réélection des libéraux de Jean Charest. Soyons clairs, lors de la prochaine élection générale, la philosophie de Québec solidaire sera : battre un péquiste, c’est primordial, battre un libéral, c’est secondaire. Le danger est bien réel. Les seuls gagnants de la division seront les adversaires de l’émancipation du Québec vers sa souveraineté.

Mais qui donc à imaginé, planifié et mis en oeuvre cette grande opération de diversion destinée à faire le jeu des fédéralistes ? Vous n’en soufflez mot, mais on n’est pas très loin de la théorie du complot.

Vous n’avez pas aimé le film : « Amir et le complot islamiste » distribué par Éric Duhaime ? Peut-être allez-vous adorer « Amir et le complot fédéraliste » du nouveau réalisateur Raymond Archambault....

Le délire parano est dans l’air du temps, faudra s’y faire

Dans le cas qui nous occupe, ce genre d’accusation qui ne ridiculise que son auteur assume une fonction précise : durcir les militants, à l’interne, pour éviter de soulever les vraies questions. C’est ce qu’on appelle communément une diversion. Notamment sur l’incapacité des leaders souverainistes traditionnels à rejoindre les préoccupations de la jeunesse et surtout éviter un douloureux examen critique suite à l’élection fédérale. Amir, voilà le félon ! Amir, pas M. Legault qui a bien candidement expliqué qu’il n’est plus souverainiste. Enfin, presque plus. Du moins pas pour le moment. Peut-être un jour, on ne sait trop.

Quelques questions à M. Archambault

Comme vous le savez, toutes ces questions sur la division du vote, le vote stratégique, etc. sont induites par le mode de scrutin actuel que René Lévesque a déjà qualifié d’infect. Dans un mode de scrutin proportionnel, les gens votent davantage selon leurs convictions, les différents partis par la suite construisent, le cas échéant, les coalitions parlementaires au gré de leurs intérêts et de leurs affinités idéologiques. Votre parti, malgré ses promesses et de longues années au pouvoir, a refusé de modifier ce mode de scrutin. Quand allez-vous comprendre que seul un scrutin de type proportionnel permet de minimiser le vote tactique et favoriser le vote de conviction, le vote d’adhésion ? Quand allez-vous admettre que c’est votre parti, contre l’avis de René Lévesque et de bien d’autre par la suite, comme Jean Pierre Charbonneau, qui a refusé de changer cette règle. Quand cesserez-vous de plaider votre propre turpitude ?

M. Archambault, vous connaissez suffisamment l’histoire électorale du Québec pour savoir que votre argument, celui de la division du vote, était précisément le même qu’on servait à René Lévesque, lorsqu’il a fondé le MSA-PQ ? « Vous allez faire le jeu de l’Union Nationale, le vieux parti réactionnaire en divisant le vote libéral... » Vous connaissez la suite. Quelques cinquante ans plus tard, nous n’avons toujours pas ni l’indépendance, ni accessoirement un mode de scrutin convenable. C’est beaucoup plus facile de s’en prendre à Amir Khadir, en écho avec la droite la plus réactionnaire du Québec, qu’à se regarder dans le miroir.

Diviser le vote ?

Cet argument, qu’on nous ressasse inlassablement pour nous empêcher d’exister, laisse songeur. Lorsqu’on y réfléchit bien, cette notion de division renvoie à un rapport de propriété : ne divise-t-on pas un lot, un patrimoine, une pomme parce qu’il nous appartient ? Êtes-vous propriétaire du vote souverainiste, M. Archambault ?

Vous avez parfaitement le droit d’être en désaccord avec notre parti et son programme. Et encore plus celui d’exprimer ce désaccord. Mais qui vous a donné celui de mépriser les membres et l’électorat de Québec Solidaire en persiflant que notre raison d’être est de faire le jeu des libéraux ? C’est notre programme et notre orientation que vous devez critiquer, pas notre droit d’exister. À moins de considérer que votre parti est propriétaire de droit divin de la question nationale et que ce faisant, vous pouvez sans vergogne démoniser vos adversaires. Êtes-vous un démocrate, M. Archambault ? Nous ne solliciterons pas votre accord pour exister, ni celui de continuer à nous battre pour l’indépendance du Québec.Vous devez en prendre acte, tout simplement comme un dirigeant politique responsable et agir en conséquence si vous souhaitez réaliser la souveraineté. Depuis 1945, il s’est créé 125 nouveaux États dans le monde et vous pourrez observer qu’il n’est pas rare que des forces politiques différentes ont portées objectif de réaliser la souveraineté. En Écosse, par exemple, vous savez très bien qu’en plus du SNP, on retrouve sur sa gauche une autre formation le SSP. Les deux partis divergent sur d’importantes questions sociales et économiques et ils en débattent. Mais il ne viendrait sans doute pas à l’esprit d’un dirigeant du SSP ou du SNP de remettre en question la légitimité de l’autre parti. Et vous savez pourquoi, M. Archambault ? Parce que dans ce pays en devenir, une partie des sièges est octroyée par un vote proportionnel très particulier. Cela n’explique pas tout, bien sûr. Mais cela contribue à assurer un rapport d’adversité beaucoup plus sain, plus normal entre les formations politiques.

Comme parti politique, vous semblez davantage intéressé par M. Legault et son projet avec l’ADQ. Peut-être croyez-vous que c’est de ce côté de la droite dure que se trouvent les indépendantistes.... Évidemment pas. Mais c’est de ce côté que se trouve une partie de votre électorat que vous disputez à l’ADQ. On comprend. Vous voulez être réélu. Rien de plus normal pour un parti politique.

Vous voulez gouverner à nouveau la province de Québec sur la base d’une confuse orientation de gouvernance souverainiste, sans référendum. Mais peut-être un référendum. On verra. Les yeux braqués sur les sondages (qui sont loin d’être mauvais pour l’option) mais qui hélas vous révèlent aussi que Québec Solidaire est là pour rester. Et comme propriétaire monopoliste de la question nationale, vous ne pouvez simplement pas, froidement, prendre acte de ce fait politique pourtant élémentaire. Tout comme le succès d’estime dont est l’objet Monsieur Khadir vous est incompréhensible. C’est pourtant simple. Outre son talent personnel, le député de Québec Solidaire soulève des questions pertinentes comme le contenu social et économique de notre souveraineté, à commencer par les ressources naturelles. (...)

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