dimanche 8 mars 2015

Les politiques cyniques


Francis Lagacé nous parle du cynisme des politiciens


Les politiques cyniques 

8 mars 2015

Ce ne sont pas les citoyenNEs qui sont cyniques. Elles et ils n'en ont hélas pas le temps, engagéEs touTEs dans la compétition féroce que notre monde du travail impitoyable leur impose. La société de la réussite économique ne laisse plus de place aux marginaux de toutes sortes, sauf si ces personnes posent en vedette tant il est vrai que le capitalisme valorise le narcissisme au-delà de toute autre caractéristique.

Quand on a comme premier ministre une personne qui s'était préparée une transition dorée vers le privé et y revient dans l'espoir d'en faire profiter ses acolytes du secteur privé; Quand on a nommé comme ministre de l'Éducation une personne qui s'en souciait autant que les Klingons se préoccupaient des dépouilles des soldats; Quand on a un ministre de la Santé qui s'exclame en substance à la radio «Ce n'est pas moi qui suis intervenu, c'est eux qui m'écoutent pas!»; comment considérer le personnel politique autrement que comme des marguilliers de petite paroisse dont les fidèles trop préoccupéEs par leur survie au quotidien leur laissent toute latitude.

Au niveau fédéral, le premier ministre Harper a récemment déclaré à propos de l'horrible projet de loi C-51, qui transformera les militants des droits sociaux et de l'environnement en terroristes, qu'il n'avait «pas encore entendu un amendement que nous aimons». Voit-on là la façon ignominieuse de traiter la chose politique? Pour Harper et les conservateurs, un projet de loi n'a pas pour but le bien commun, non, il doit correspondre aux goûts du gouvernant. «Tel est mon bon plaisir», disaient les souverains de droit divin.

Notre démocratie est factice; elle nous autorise à élire un dictateur aux quatre ans. Des transformations radicales sont nécessaires : instauration d'un système proportionnel, création d'instances décentralisées de décision citoyenne, participation systématique des travailleuses et travailleurs aux législations qui les concernent, retour d'une véritable gestion publique des services avec reddition de compte non pas selon les principes de la gouvernance, mais selon les principes de la démocratie... La liste serait fort longue, mais on pourrait commencer par cela.

Mais, ai-je employé le mot radical? Pour le gouvernement conservateur fédéral, sans doute aussi pour le gouvernement libéral québécois, cela suffit à faire de moi un terroriste, juste parce que je souhaite la démocratie.

LAGACÉ, Francis




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