vendredi 7 août 2015

Gaza, : Non à la banalisation du mal !


Je partage la copie complète de l'article par solidarité avec Gaza:



Gaza, : Non à la banalisation du mal ! 

4 août 2015

"Dans les ruines de Gaza : « Nous pensons toujours à ceux que nous avons perdus », un reportage d’Ezz Zanoun et de Charlotte Silver, qui ont recueilli, pendant le ramadan, les témoignages de Faraj Alareer, âgé de 65 ans, qui retourne chaque jour dans sa maison détruite de Shujaiya, d’Ali Zaki Wahdan, âgé de 36 ans, a perdu 12 membres de sa famille l’été dernier, mais pas tous en même temps, et d’autres Gazaouis qui nous lancent un appel.

La famille al-Ejla assise devant les ruines de sa maison détruite, à Shujaiya, à l’est de la ville de Gaza, au moment où elle rompt le jeûne du Ramadan, au début de l’été.

À Gaza, un an après l’agression dévastatrice d’Israël, les décombres sont en tas et les bâtiments détruits sont laissés à moitié debout. On n’a accordé à Gaza que de bien maigres moyens pour sa reconstruction, aggravant les ravages provoqués par huit années de siège.

Plus de 12.500 maisons ont été complètement détruites l’été dernier et un même nombre a subi de gros ou sévères dégâts, qui ont obligé 100.000 personnes à se déplacer.
Le manque d’abris a obligé plusieurs Palestiniens parmi les nombreux réfugiés, à retourner dans le squelette de leur maison. D’autres retournent à l’emplacement de leur ancienne maison pour s’asseoir, revoir leurs voisins et se rappeler ce qui n’est plus.





Faraj Alareer, âgé de 65 ans, retourne chaque jour dans sa maison de Shujaiya, quartier à l’est de la ville de Gaza. Quand il a échappé au siège israélien de Shujaiya, sa maison et tout le pâté de maisons étaient encore debout. Aujourd’hui, il ne reste aucune maison. Il vivait avec sa famille dans un appartement qu’il louait, que l’UNRWA, agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, leur avait procuré pour les quatre premiers mois suivant la guerre.

Depuis que l’UNRWA a suspendu la distribution des subventions pour la location, Alareer payait 1.000 shekels par mois (environ $263) pour y rester.

Alareer raconte que son pâté de maisons était très beau, les maisons entourées d’arbres adultes et d’autres plantes. Il montre du doigt un arbre mort qui poussait près de sa maison et dit que c’était un caroubier qu’il utilisait pour préparer une boisson froide, spécialité du Ramadan.



La petite-fille de Faraj Alareer, âgée de 8 ans, Yasmine al-Ghomeri, témoigne elle aussi : « Nous jouions toujours dans les rues avec des amis ». Mais depuis la guerre, elle ne voit plus ses amis car ils ont été déplacés du quartier. Le père de Yasmine a été tué dans le bombardement en essayant de s’échapper le 20 juillet, et sa mère est morte d’une maladie il y a six ans. La fille et ses deux frères sont tantôt avec leurs grands-parents, tantôt avec leurs tantes et oncles.



Dans la ville du nord de Gaza, Beit Hanoun, Ali Zaki Wahdan, âgé de 36 ans, a perdu 12 membres de sa famille l’été dernier, mais pas tous en même temps. Sa mère, son père et sa sœur de 2 ans ont été tués avec cinq autres membres de leur famille quand Israël a bombardé sa maison, qui avait été occupée auparavant par des soldats israéliens qui détenaient la famille dans une pièce. Wahdan dit qu’Israël savait qui était dans la maison quand ils l’ont bombardée.

Au moment du bombardement, Wahdan était à l’hôpital al-Shifa. Jusqu’au moment où elle a été tuée, sa sœur de 27 ans qui était bloquée, envoyait des textes qui le tenaient au courant de la situation à l’intérieur de la maison. Elle l’a informé que les Israéliens ont quitté la maison le 25 juillet mais ont ordonné à la famille de rester. Wahdan ne s’est rendu compte que la maison avait été bombardée et sa famille tuée, qu’après son retour à la maison pendant un bref cessez-le-feu humanitaire, le 26 juillet. C’est alors qu’il a trouvé les restes calcinés de sa famille.

Par la suite, Wahdan s’est réfugié chez un parent, dans la ville de Jabaliya où il a retrouvé sa femme et ses trois enfants. Ils sont restés dans cette maison moins d’une semaine avant le bombardement qui a tué sa femme âgée de 22 ans. Son frère, sa belle-sœur et leur fille - un bébé – ont, eux aussi, été tués. Ses trois fils – tous âgés de moins de six ans – ont été gravement blessés et transférés en Turquie pour se faire soigner.
La jambe gauche de Wahdan été amputée et sa jambe droite sérieusement blessée.


Wahdan raconte son histoire à contrecœur : « Il n’y a rien à dire sauf qu’il n’y a de dieu que Dieu » ajoute-il.


 
Suad al-Zaza, âgée de 55 ans, est retournée dans sa maison en ruines, pour pleurer la mort de son mari qui est décédé cette année, trois jours avant le premier jour du Ramadan. Ses enfants ont érigé des tôles d’aluminium pour remplacer les murs qui ont été détruits quand Israël a intensément bombardé leur quartier, en juillet, l’année dernière. L’UNRWA avait suspendu les subventions pour le loyer du petit appartement où sa famille est entassée.

Al-Zaza décrit son ancienne maison : « Elle avait trois étages. C’était magnifique. Nous avions un parc au bout de la rue. Ce n’est pas un chez-soi ». Elle dit que ses enfants sont maintenant anxieux, et ont peur chaque fois qu’ils entendent des feux d’artifice.



Atallah Ashour, âgé de 25 ans, dit qu’il gagne 200 shekels ($50) pour une tonne de barres d’armature voilées qu’il redresse. Interviewé dans le quartier de Shujaiya près de la ville de Gaza, il dit qu’il traite environ une demi tonne par jour et finit par rentrer chez lui avec environ 35 shekels ($9). Pendant le dernier mois de Ramadan, il ne travaillait pas pendant la journée, car le travail est trop dur physiquement quand on jeûne. Il habite Beit Hanoun et étudie en même temps l’administration des affaires.
Ashour dit qu’il reviendra après avoir mangé l’Iftar, le repas du soir qui rompt le jeûne, et travaillera toute la nuit.


Husni Abu Salman al-Mughani est mukhtar, c’est à dire le chef de village à Shujaiya, qui prend contact avec le Ministère des Travaux Publics et avec les agences des Nations Unies, afin de discuter des progrès de la reconstruction. Il dit que 2.200 personnes attendent de retourner, alors que leurs maisons de Shujaiya sont toujours en ruines ; 800 personnes vivent en ce moment dans des maisons à moitié détruites.

Il y a beaucoup de chômeurs : ni les docteurs, ni les enseignants n’ont de travail, dit-il.
Les commerçants amènent du ravitaillement et des marchandises à Shujaiya mais personne n’a d’argent pour en acheter. Les impôts ont aggravé la situation : personne ne peut se permettre d’acheter quoi que ce soit.
Dans une heure, nous prendrons notre Iftar [pour rompre le jeûne] et nous penserons à ceux que nous avons perdus les mêmes jours l’année dernière. L’immeuble qu’il avait construit à Shujaiya dans sa jeunesse, où il habitait avec ses fils, est maintenant détruit.


La famille Zukar était prospère avant la guerre ; il dit qu’il donnait à manger aux pauvres de Gaza [ce qui valait 20.000 dinars jordaniens ($28.200)] pendant le Ramadan. Mais il a perdu l’équivalant de 2 millions de dollars, quand Israël a bombardé son usine qui produisait des fruits oléagineux et des bonbons.

Muhammad al-Shinberi, sa femme et leurs six enfants sont retournés dans les ruines de leur maison à Beit Hanoun après que l’UNRWA ait suspendu le paiement des subventions pour le loyer de leur appartement provisoire. L’artiste britannique Banksy a peint à la bombe son célèbre petit chat sur un mur de la maison détruite d’Al-Shinberi.

Al-Shinberi dit que, jusqu’en mai, l’agence du gouvernement américain USAID avait fourni une citerne. À présent, il lui faut faire plusieurs kilomètres avec une charrette tirée par son âne, afin de remplir ses grands réservoirs d’eau. Les bombardements israéliens ont énormément endommagé l’infrastructure hydraulique : 120.000 personnes sont privées d’eau.

(Traduit par Chantal pour CAPJPO-EuroPalestine)

Source : electronicintifada.net/content/gazas-ruins-we-will-think-those-we-lost

CAPJPO-EuroPalestine


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