mercredi 4 novembre 2015

« Il faut poursuivre notre lutte pour le bien commun, pour le bien de notre peuple » – Amir Khadir




« Il faut poursuivre notre lutte pour le bien commun, pour le bien de notre peuple » – Amir Khadir 

12 octobre 2015

« Il faut poursuivre notre lutte pour le bien commun, pour le bien de notre peuple. » C’est par cet appel à demeurer solidaires et à redoubler d’ardeur qu’Amir Khadir a conclu la table ronde sur les mesures d’austérité qui a eu lieu au Centre d’action bénévole de Saint-Jérôme, jeudi le 24 septembre dernier. Organisée par l’association régionale de Québec solidaire des Laurentides, cette rencontre visait à prendre la mesure des impacts concrets des politiques d’austérité du gouvernement Couillard dans les secteurs de l’éducation, de la santé et pour les femmes de la région. Elle s’adressait aux militants et militantes de Québec solidaire, bien sûr, mais aussi à toutes les personnes préoccupées par la qualité de nos services publics et toute la population de la région y avait été conviée.

Conscientes qu’il nous faut identifier dès à présent les impacts des politiques d’austérité du gouvernement libéral et en évaluer le plus justement possible la portée pour mieux les contrer, c’est plus d’une cinquantaine de personnes qui ont répondu à l’invitation et qui sont venues entendre et échanger avec Amir Khadir, député solidaire de Mercier et co-fondateur de Québec solidaire, ainsi que trois autres panelistes qui interviennent quotidiennement dans les Laurentides : Isabelle Daboval, présidente du syndicat des professeur-e-s du Cégep de Saint-Jérôme, Peter Delli Colli, porte-parole de la FIQ (Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec) pour la région de Laval et des Laurentides, et Blanche Paradis, militante féministe bien connue dans la région pour son implication depuis plus de trente ans.



Éducation : le futur d’une génération fragilisé par les coupures

D’entrée de jeu, Isabelle Daboval a lancé un cri du cœur : « les coupures en éducation affectent directement le futur d’une génération. » Elle a ensuite détaillé comment les coupes actuelles se ressentent fortement au Cégep de Saint-Jérôme, rappelant que vingt-cinq postes ont été coupés dans les dernières années. « Les coupures ont affecté les étudiants, les services qu’ils reçoivent et même l’enseignement qu’ils reçoivent. L’austérité prive les élèves du soutien auquel ils ont droit », a-t-elle insisté, ajoutant qu’il est important de bien garder à l’esprit que les conditions de travail des enseignants sont aussi les conditions d’étude des jeunes. « L’austérité, ce n’est pas quelque chose de temporaire; ça a des effets à long terme. Ce qu’on n’aura pas pu offrir en enseignement de qualité et en soutien aux jeunes maintenant, ça ne se rattrapera pas dans le futur », a-t-elle conclu.
 
Santé : moins de services à la population

Même son de cloche du côté de la FIQ : « les coupures en santé deviennent dangereuses et ont même un impact sur un service aussi crucial que le triage des patients à l’urgence », a lancé Peter Delli Colli, expliquant à l’assemblée les modalités d’un processus normal de triage et les impacts des différentes formes de réduction des effectifs à ce poste clé de notre système santé. Il a ensuite rappelé que 40 millions $ de coupures ont été annoncées jusqu’à présent pour le réseau de la santé de notre région. « Or, même si on voulait couper tout ça en postes de gestion, on n’y arriverait pas. Donc, c’est clair qu’on va devoir couper dans les services. »



M. Delli Colli déplore particulièrement une mesure de plus en plus utilisées pour économiser de l’argent sur le dos du personnel et aux dépens des citoyen.ne.s : « quand on ne remplace pas les employés absents, on occasionne ainsi une surcharge de travail pour leurs collègues, mais en bout de ligne, ça veut aussi dire moins de services à la population. »

Ce sont les femmes qui écopent le plus

La militante féministe Blanche Paradis, quant à elle, a insisté sur le fait que les coupures du gouvernement nuisent particulièrement aux femmes qui, non seulement sont celles qui occupent majoritairement les emplois en santé et en éducation, mais qui sont aussi celles qui font le plus appel aux services de santé. « Déjà que l’équité n’est toujours pas réalisée, cette atteinte aux acquis sociaux constitue un net recul pour les femmes ». Elle a aussi tenu à mettre les choses au clair : « il y a un mythe, présentement, selon lequel l’égalité des femmes serait largement acquise, au point où on risque même de basculer vers une iniquité envers les hommes ! Or, elle a expliqué que cet énoncé ne résiste pas aux faits. Quelques chiffres à l’appui : le revenu moyen des femmes travaillant à temps plein ne représentait que 75,3% du salaire des hommes, selon des données de 2011. De même, 70% de toutes les personnes qui travaillaient au salaire minimum en 2013 étaient des femmes.



Madame Paradis a aussi dénoncé vigoureusement le fait que le gouvernement libéral ne tient aucunement compte, dans ses coupures budgétaires des derniers mois, de leurs impacts sur la qualité de vie des femmes et l’augmentation des inégalités entre les hommes et les femmes. À cet effet, elle a rappelé que la politique gouvernementale Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait, adoptée en 2006, prévoyait pourtant l’utilisation de l’analyse différenciée selon les sexes comme instrument de gouvernance en vue d’intégrer le principe de l’égalité entre les femmes et les hommes à l’ensemble des décisions gouvernementales. Le gouvernement libéral de M. Couillard échoue lamentablement à ce chapitre, au mépris même de la sécurité économique des femmes du Québec.

Des braises sous les décombres de l’austérité

Enfin, Amir Khadir a rappelé à l’assemblée que « tout ce qui a été gagné pour le bien commun, au fil des dernières décennies, n’a pas été donné. Les acquis sociaux des années 60 ont été des barrages à la barbarie économique et ces gains ont été faits par des gens comme vous » a-t-il affirmé. « Il faut poursuivre notre lutte pour le bien commun. »



Dans une envolée qui a enflammé la salle, il a ajouté que, malgré le fait que « nous régressons dangereusement, il est paradoxal et révoltant de savoir que nous sommes dans une ère d’opulence et de production jamais égalées. Il circule dans le monde une quantité phénoménale de capitaux. Et on nous parle d’austérité !? La réalité, c’est qu’il y a une accumulation quelque part… Le gros mensonge du manque de moyens, ça a commencé bien avant le gouvernement Couillard. Il y a de quoi être découragé, c’est vrai. Le rouleau compresseur de la barbarie économique est très puissant. Mais on ne doit pas oublier que les luttes qui ont conduit à ce qu’on veut préserver – et améliorer – ne se sont pas faites sans peine. »

Rappelant que des dizaines de milliers de personnes qui œuvrent au sein de différents mouvements (syndicaux, communautaires, étudiants, etc.) et qui ont à cœur le bien commun, s’organisent de plus en plus, en ce moment pour refuser en bloc ces mesures d’austérité imposées par le gouvernement libéral, il a appelé les personnes présentes à poursuivre la lutte. « On a, au Québec une capacité de mobilisation fabuleuse. Je vous le dit : il y a des braises sous les décombres de l’austérité. C’est à nous de travailler pour le bien commun, pour le bien de notre peuple », a-t-il conclu.

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Vous pouvez visionner les entrevues que Blanche Paradis et Amir Khadir ont accordées à TVBL après la table ronde, en vous rendant au https://vimeo.com/141001202 https://vimeo.com/141001202 (segment de 15:50 à 20:30).




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