mardi 5 avril 2016

Les étranges réactions humaines


Parlons de réactions humaines avec Francis Lagacé


Les étranges réactions humaines 
 
5 avril 2016

Devant l’irrémédiable incurie des gouvernements libéraux successifs, devant l’incompétence, la suffisance et l’inouïe nonchalance des gouvernants envers la société, on s’étonne à bon droit de la docilité des électrices et électeurs qui votent pour eux les yeux fermés.

La nature humaine est ce qu’il y a de plus étonnant et la psychologie prouve sans arrêt que le bon sens, la logique ou la rationalité ne sont pas les moteurs de l’agir. D’autres mécanismes qui ont sans doute contribué à notre survie dans l’histoire de l’espèce font en sorte que nous acceptons et même approuvons des comportements pourtant immoraux, cruels, injustes et même monstrueux.

Chacun sait comment dans la cour de récréation celui qu’on appelait le bully s’attire les faveurs des foules et l’approbation de ceux-mêmes qui ont le plus à craindre de lui. On a démontré il y a longtemps que les enfants battus préfèrent le parent qui les bat, que la perspective d’un bonheur inconcevable est beaucoup plus inquiétante que le malheur connu et prévisible.

Machiavel avait déjà établi que les gens vous pardonneront plus facilement d’avoir assassiné leurs pères, mères, frères et sœurs que d’avoir pris leur terre, mais qu’à l’inverse, ils pourront oublier même leurs possessions si vous leur accordez un peu de pouvoir ou même l’illusion du pouvoir sous forme d’honneurs.

Un autre étrange penchant de notre surprenante espèce me semble avoir été peu analysé, quant à ses causes en tout cas, non à sa prévalence, c’est la propension à généraliser l’événement le plus récent en dépit de la plus élémentaire logique, ce qui n’a rien d’étonnant, mais même du souvenir de l’expérience passée.

Si une personne se trompe quatre-vingt-dix-neuf pour cent du temps, mais que la centième fois elle a raison par hasard pour ne pas dire par erreur, la foule l’acclamera et lui accordera sa confiance inébranlable.

Si une personne a raison quatre-vingt-dix-neuf pour cent du temps, mais que la centième fois elle a tort par hasard ou même parce qu’elle a été piégée, la foule la vouera aux gémonies et lui rappellera sa déchéance pour l’éternité ; on ne lui accordera jamais la chance de se racheter.

Issu d’un milieu pauvre et peu instruit, j’ai longtemps cru que c’était le propre d’esprits peu éclairés, mais quelle ne fut pas ma déception de constater à l’Université, que ce soit au premier, au deuxième, au troisième cycle, puis dans le monde professionnel, même chez les intellectuels, que cette inclination était prépondérante en tout temps et en tout lieu.

Je cherche encore ce que ce mème (rappelons le sens d’origine de ce concept développé par Richard Dawkins : disposition culturelle héritée pour des raisons qui à l’origine étaient propices à l’espèce) pouvait bien nous apporter au néolithique.

LAGACÉ, Francis

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