jeudi 4 juillet 2013

LE GOUVERNEMENT PÉQUISTE ET LES PARTIS NÉOLIBÉRAUX S’ATTAQUENT AU DROIT DE GRÈVE ET IMPOSENT LE RETOUR AU TRAVAIL



Conflit dans la construction
LE GOUVERNEMENT PÉQUISTE ET LES PARTIS NÉOLIBÉRAUX S’ATTAQUENT AU DROIT DE GRÈVE ET IMPOSENT LE RETOUR AU TRAVAIL


mardi 2 juillet 2013, par Bernard Rioux

 L’Assemblée nationale a adopté une loi spéciale pour forcer le retour au travail des travailleurs de la construction du secteur institutionnel, commercial et industriel. Cette loi, qui touche 77 000 travailleurs, reporte les conditions de travail pour la prochaine année. L’association de la construction du Québec (ACQ) aurait bien voulu que la loi impose aux travailleurs de la construction les reculs au nom du renforcement de la productivité. La loi oblige le retour au travail, mais ne règle rien, car les ambitions du patronat de ce secteur sur les reculs à imposer restent entières.

L’Association de la Construction du Québec (ACQ) veut en découdre avec lestravailleurs de la construction

 L’ACQ exigeait des travailleurs une série de reculs :

- l’extension de la plage horaire pendant laquelle les travailleurs doivent être disponible au travail soit de 5 heures 30 à 19 heures,

- la reprise d’une journée de travail perdue pour intempérie le samedi

- la réduction de temps double à temps et demi pour les 8 premières heures de travail supplémentaire

- la mobilité provinciale

- des augmentations de salaire horaire en deçà du taux d’inflation ce qui signifie donc un recul du salaire réel pour les travailleurs de la construction.

Ce sont des reculs inacceptables et reflétait la volonté des entrepreneurs de s’en mettre encore plus dans les proches au dépens des travailleurs. L’association de la construction du Québec (ACQ) ne voulait pas d’une entente négociée. Elle voulait imposer des reculs importants aux travailleurs. Le président de l’ACQ, Jean Pouliot, a envoyé lundi 28 janvier une lettre à la première ministre Marois demandant une loi spéciale qui inclurait les demandes de la partie patronale.

L’Alliance syndicale de la construction, un front commun pour la défense des acquis.

L’Alliance syndicale de la construction regroupe les représentants des cinq syndicats de la construction soit la FTQ-Construction, le Conseil provincial (Inernational), le Syndicat québécois de la construction (SQC), la CSD Construction et la CSN-Construction. Elle a été formée pour refuser la remise en question des acquis que voulait imposer le patronat de ce secteur. Elle a déclenché une grève générale le 17 juin. Cette grève générale des travailleurs de la construction a permis aux 57 000 syndiqués du secteur résidentiel et aux 41 000 travailleurs de la voirie et du génie civil de conclure une entente de principe dès le mardi 25 juin. Ces ententes devront être acceptées par les travailleurs membres de l’Alliance syndicale dans les prochaines semaines.

Rapidement, le gouvernement péquiste place la négociation sous la menace d’une loi spéciale

Le gouvernement péquiste ne s’est jamais prononcé sur les demandes antiouvrières de l’ACQ. Après avoir laissé une courte période à la négociation, la première ministre Pauline Marois a brandi la menace de loi spéciale. Cette menace de loi spéciale n’a nullement favorisé la négociation. Au contraire. Compte tenu de la volonté de l’ACQ d’en découdre et de remettre en question une série d’acquis des ouvriers de la construction, cette menace a conduit l’association patronale à refuser toute négociation véritable en attendant l’adoption de la loi spéciale. Le gouvernement Marois a ainsi contribué à bloquer le processus de négociation. Le Conseil du patronat a appelé à l’adoption le plus rapidement possible d’une loi spéciale de retour au travail. Alors que c’était le patronat du secteur qui était en demande, le Conseil du patronat cherchait à rejeter l’impasse dans les négociations sur le dos des organisations syndicales. Cette stigmatisation des travailleurs syndiqués qui défendaient des acquis arrachés des hautes luttes a été relayée par les grands médias.

Le Parti libéral et le Coalition Avenir Québec ont aussi apporté leur contribution à la campagne démagogique contre la lutte des travailleurs de la construction. En pressant le gouvernement péquiste d’adopter au plus vite une loi spéciale de retour au travail, les partis d’opposition à l’Assemblée nationale dévoilaient leur nature de partis patronaux. Il fallait casser le plus tôt possible la résistance syndicale et en finir avec le processus de libre négociation.

L’ACQ n’avait qu’à refuser de négocier et à attendre que le gouvernement péquiste adopte une loi spéciale. Elle pouvait aussi compter sur les partis de l’opposition pour que la loi n’entrave pas leur volonté d’imposer des reculs majeurs aux travailleurs dans les meilleurs délais.

Un gouvernement qui fait peu de cas du droit de grève et de négocier

Pour la ministre Agnès Maltais, nous serions dans un nouveau contexte et « le conflit ouvert n’est plus un mode de résolution des différends ». (Communiqué du 15 juin de la ministre du Travail Agnès Maltais) Quoi ? La grève ne serait plus un droit essentiel ? Devant un patronat qui est en demande et refuse de négocier, les travailleurs n’auraient qu’à plier l’échine et à accepter les reculs ? Pauline Marois s’inscrit d’ailleurs dans la même logique : après deux semaines de grève, ce droit de grève devait être rayé des droits des travailleurs et leurs conditions de travail fixées autoritairement pour les quatre prochaines années sans aucune possibilité d’agir collectivement pour défendre leurs conditions de travail.Ce ne sont pas les droits des travailleurs que le gouvernement se préoccupait, mais d’abord et avant tout la stabilité sur les chantiers afin de favoriser le climat des affaires.

Les partis d’opposition, de serviles ventriloques des secteurs les plus agressifs du patronat

Directement branchés sur les secteurs les plus agressifs du patronat qui veulent remettre en questions les acquis des travailleurs, les partis d’opposition ont agi comme de véritables ventriloques des volontés patronales pour reprendre l’expression d’Yves Ouellet, porte-parole de l’Alliance syndicale. Le report pour quatre ans de la convention collective existante leur apparaissait comme une concession inacceptable aux organisations syndicales. Au nom de la productivité et de la flexibilité, en fait, dans leur volonté de renforcer l’exploitation des travailleurs et de tirer encore plus de profits du travail de ces derniers, le patronat veut pouvoir s’attaquer le plus vite possible à leurs conditions de travail actuelles. C’est pourquoi, les partis d’opposition ont proposé et ont fait adopter l’amendement visant à ramener à un an l’application de cette loi de retour au travail. Ils ont couvert leur rôle de représentant direct du patronat sous le prétexte de leur ouverture à la négociation alors qu’ils soutenaient, dans le même instant, une loi qui en brimait la possibilité réelle en déniant le droit de travail à des dizaines de milliers de travailleurs.

Québec solidaire défend le droit de grève et vote contre la loi spéciale de retour au travail

Pour le gouvernement péquiste, il semble que le droit de grève ne doit pas excéder quinze jours dans la construction. Le Parti libéral du Québec accepterait un droit de grève s’il n’excédait pas cinq jours. La CAQ est aussi pour le droit de grève, mais pourvu qu’il ne puisse pas être mis en oeuvre. La défense du droit de grève des travailleurs et des travailleuses ne peut visiblement pas compter sur ces partis politiques. Les députéEs de Québec solidaire ont été les seuls à se lever à l’Assemblée nationale pour défendre le droit de grève et à voter pour le rejet de cette loi antisyndicale. Cela a bien démontré, encore une fois, l’importance de renforcer la présence à l’Assemblée nationale d’un parti politique qui inscrit son combat dans le sillage de celui des différents mouvements sociaux.

La bataille pour la défense des acquis dans la construction est devant nous.La solidarité militante doit l’être aussi

Il faut bien voir qu’il est dans l’intention de l’ACQ de revenir à la charge dès que cela lui sera possible pour s’en prendre aux conditions de travail et de rémunération des travailleurs de la construction. Une prochaine bataille est donc probable. L’unité ouvrière devra être au rendez-vous comme elle l’a été dans la dernière négociation. La solidarité militante de tous les secteurs progressistes de la société envers les travailleurs de la construction sera nécessaire pour faire reculer le patronat et ses alliés.

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