jeudi 4 juillet 2013

LES DÉPUTÉES DE QUÉBEC SOLIDAIRE DÉFENDENT LE DROIT DE GRÈVE

Pris sur le site Presse-toi à gauche !



À propos de la loi spéciale sur la reprise des travaux dans l’industrie de la construction
LES DÉPUTÉES DE QUÉBEC SOLIDAIRE DÉFENDENT LE DROIT DE GRÈVE


mardi 2 juillet 2013, par Françoise DavidAmir Khadir

Nous publions deux des interventions de Françoise David et d’Amir Khadir durant le débats sur la loi spéciale sur le retour au travail dans l’industrie de la construction. Nos députéEs ont été les seuls à se lever à l’Assemblée nationale pour défendre le droit de grève. Pour le gouvernement péquiste, il semble que le droit de grève ne doit pas excéder quinze jours dans la construction. Le Parti libéral du Québec accepterait un droit de grève s’il n’excédait pas cinq jours. La CAQ est aussi pour le droit de grève mais pourvu qu’il ne puisse pas être mis en oeuvre. La défense du droit de grève des travailleurs et des travailleuses ne peut visiblement pas compter sur ces partis politiques. Ces textes sont tirés du Journal des débats de l’Assemblée nationale. (Presse-toi à gauche)

Intervention d’Amir Khadir

M. Khadir : Merci, M. le Président. Les interventions de Québec solidaire entourant le débat qui concerne le projet de loi qui touche le conflit dans le secteur de la construction sont destinées d’abord et avant tout à protéger les acquis du monde du travail, les acquis des travailleurs, des acquis qui ont été obtenus de chaudes luttes en raison... des luttes qu’on menées des générations de travailleurs et d’employés dans différents secteurs de la société, notamment et principalement dans le secteur de la construction. On peut revenir sur cette histoire jusqu’au front commun de 1972, qui est ce qui nous concerne... en ce qui nous concerne aujourd’hui.

Nous constatons que le secteur patronal dans le domaine de la construction cherche par tous les moyens à faire reculer les conditions de travail qui ont assuré pendant des années et des années non seulement une relative paix dans les relations de travail, mais aussi la force d’un secteur - c’est pas nos dires, c’est les dires de l’industrie de la construction elle-même - une grande force de ce secteur qui réside dans sa productivité et dans les bonnes conditions qu’elle offre à des travailleurs réussissant ici à attirer vers elle des compétences qui assurent par le fait même sa compétitivité et sa productivité.

Et, parlant de productivité, pour des gens, par exemple, je pense à l’opposition officielle, qui, souvent, invoquent cet argument-là, je trouve quand même déplorable qu’on perde autant de temps dans des interventions qui, malheureusement, n’ont que pour seul objectif de retarder les procédures. Je pense que les interventions devraient se centrer sur le fond du débat. Et, parce que le fond du débat nous intéresse, je voudrais d’abord intervenir sur une réponse qu’a offerte le leader de la partie gouvernementale, le président du Conseil du trésor, à l’endroit de ma collègue la députée de Gouin, parlant du droit de grève.

Il est sûr que le droit de grève, en tant que tel, n’est pas un droit fondamental reconnu par les chartes. Mais le droit d’association est au centre des droits reconnus dans notre société pour assurer qu’une société démocratique respecte ces travailleurs. Et le droit d’association, s’il y a un intérêt pour les travailleurs de s’associer, c’est pour avoir la capacité de négocier des conditions dignes de travail. Et, un des outils les plus importants lorsqu’on est assis dans une négociation pour régler de manière civilisée un conflit qui survient entre des employeurs et des employés dans le domaine où les travailleurs n’ont rien d’autre que la force de leur travail comme levier, le droit de grève devient l’élément central de ce qui doit découler de leur droit fondamental, qui est le droit d’association.

Donc, lorsque nous, on dit : le droit de grève est un droit quasi-fondamental, c’est parce que c’est au centre de l’intérêt que portent les travailleurs pour le droit de s’associer, qui est un droit fondamental. C’est dans cette perspective-là que nous croyons qu’une loi spéciale, lorsque le gouvernement annonce... évidemment, on a eu quelques tergiversations, mais il était clair que la première ministre avait montré l’intention du gouvernement de recourir à une loi spéciale. À partir du moment où il y a une loi spéciale, connaissant la mauvaise foi, malheureusement, qui a caractérisé le comportement de la partie patronale à la table de négociation, il était clair qu’une bonne partie du rapport de force des travailleurs était ainsi défait, était ainsi brisé. Ce qui explique pourquoi on en est là aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, nous trouvons déplorable que, dans les conditions actuelles, alors que les travailleurs disent qu’une loi spéciale ne protège pas fondamentalement leurs intérêts, n’est pas dans l’intérêt de la société et des travailleurs, dans ces circonstances qui... malgré tout, on a sur la table quand même une loi spéciale que présente le gouvernement, qui démontre sa volonté de régler ce conflit-là par la force, nous trouvons tout à fait déplorable que le Parti libéral veuille en profiter pour assener des reculs dans la qualité de ce qui fait les conditions de travail actuellement dignes pour les travailleurs du Québec dans les normes qui les régissent et dans les conditions qui entourent leurs conditions de travail.

Un élément essentiel aussi, dans ce débat-là, c’est la reconnaissance que, si on accepte que les travailleurs font la grève, on accepte l’idée avant tout que, dans le fond, on donne le moyen à des travailleurs d’améliorer leurs conditions de vie. Et, à chaque fois qu’il y a un secteur de la société, d’un secteur du travail, réussi à garantir des bonnes conditions salariales, des bonnes conditions de travail, c’est l’ensemble de la société qui en profite...

Intervention de Francoise David

Mme David : Oui, merci, M. le Président. Alors, en ce qui me concerne, ce n’est certainement pas avec allégresse que je termine cette journée et ce début de nuit. Et j’annonce - ce qui ne sera une surprise pour personne, je l’imagine - que mon collègue et moi, nous allons voter contre ce projet de loi. L’adoption d’une loi spéciale, ça n’est jamais une nouvelle intéressante, ça n’est jamais une bonne nouvelle en matière de relations de travail. Une loi spéciale, ça signifie l’échec d’une négociation. Une loi spéciale, c’est un accroc à un droit démocratique qui s’appelle le droit d’association, assorti du droit de grève. Je ne pense pas que les travailleurs de la construction aient beaucoup de motifs de réjouissances aujourd’hui.

Il y en a plusieurs ici qui semblent souhaiter qu’une véritable négociation soit s’engage, selon les dires de certains, ou se poursuive, selon les dires d’autres. Eh bien, moi aussi, je souhaite qu’il y ait une véritable négociation. Mais pour ça, il va falloir que la partie patronale renonce à tous les reculs qu’elle veut imposer aux travailleurs, des reculs qui, dans certains cas, attaquent des droits acquis depuis plus de 40 ans. Les demandes patronales quant à la flexibilité du temps de travail, quant à la flexibilité de la main-d’oeuvre, sont des demandes qui ne pourront être acceptées par les travailleurs, et ça, tout le monde le sait dans cette Chambre. Alors, j’imagine que nous serons de retour tous ensemble, quelque part le printemps prochain, pour rediscuter d’une situation de crise. Je déplore en particulier, d’ailleurs, l’amendement qui a été soutenu par les deux partis d’opposition et qui, finalement, a été adopté. Je pense qu’il aurait mieux valu adopter un délai de deux ans, comme c’était finalement proposé. Et je réitère, enfin, l’appui de Québec solidaire à la libre négociation, au droit d’association et au droit de grève. Merci.

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