samedi 20 juillet 2013

Montréal, l’incorrigible : Mise sous tutelle deux fois, la Ville a été l’objet de cinq enquêtes publiques depuis 100 ans

Paul Cliche nous rappel des faits pertinents
de l'histoire de Montréal



Montréal, l’incorrigible :
Mise sous tutelle deux fois, la Ville a été  l’objet de cinq enquêtes publiques depuis 100 ans

par Paul Cliche, militant progressiste

En ce début de campagne électorale à Montréal, voici l’histoire des cinq commissions d’enquêtes publiques et des deux mises en tutelle qui ont marqué au fer rouge l’histoire de Montréal depuis un siècle. Elle met en lumière des faits extrêmement révélateurs où les scandales se succèdent sans arrêt. L’axiome veut que «le passé soit garant de l’avenir». Espérons que ce ne soit pas le cas pour la métropole du Québec suite aux résultats électoraux du 3 novembre prochain.

- L’enquête Cannon: La première commission d’enquête, déclenchée en 1909 sous la pression d’un groupe de citoyens qui ont dénoncé 12 conseillers, a été présidée par le juge Lawrence John Cannon. Son rapport a décrit l’administration municipale comme étant «saturée de corruption provenant surtout de la plaie du patronage».

- Médéric Martin, un maire populiste et corrompu: Malgré qu’il ait été un des conseillers municipaux accusés de malversation de fonds à cette occasion, Médéric Martin, un populiste ayant un sens aiguisé de la répartie, a par la suite été maire pendant 12 ans avant d’être défait en 1926 par un autre populiste, Camillien Houde. Pendant son règne il s’est trouvé mêlé à des scandales après avoir accordés des contrats à des entrepreneurs. A noter que Martin, un fabricant de cigares, avait débuté sa carrière politique comme député libéral fédéral. Il l’a terminé comme conseiller législatif libéral non élu à Québec

- La tutelle de 1918: C’est d’ailleurs pendant le deuxième mandat du maire Martin que Montréal a été mise sous tutelle à cause de sa situation financière désastreuse par le gouvernement de Lomer Gouin. Pour rétablir la situation, on a tenu un référendum qui a approuvé, en 1921, la création d’un comité exécutif chargé de mettre de l’ordre dans l’administration. Incidemment, lors de ce référendum qui a également porté sur le choix d’un mode de scrutin, les électeurs montréalais ont appuyé à 38% la représentation proportionnelle.

- L’enquête Coderre: C’est aussi à la fin d’un des mandat du maire Martin qu’une deuxième commission d’enquête, présidée par le juge Louis Coderre, a été déclenchée en 1924 encore sous la pression populaire. Son rapport n’a pu que constater que rien n’avait changé depuis l’enquête Cannon: les pots-de- vin étaient toujours pratique courante et la police toujours aussi corrompue. Ce rapport n’a pas eu de suites. Sous l’œil complaisant du gouvernement libéral d’Alexandre Taschereau, il été vite tabletté par le comité exécutif de la Ville qui avait pourtant été créé quelques années plus tôt pour mettre de l’ordre dans l’administration.

- La tutelle de 1940: En 1940, pendant le deuxième mandat du maire Adhémar Raynault, un ex-député de l’Union nationale, le gouvernement libéral d’Adélard Godbout a imposé une deuxième tutelle à Montréal qui a duré jusqu’en l944. La détérioration de la situation financière de la métropole au cours des années 1930 avait alors incité les milieux d'affaires à exercer des pressions pour obtenir des changements au niveau de l'administration. En réponse à ces pressions, le gouvernement a imposé à Montréal une réforme d'envergure en mettant en place le «régime des 99». Le Conseil de Ville comptera dorénavant 99 membres divisés en droit catégories de 33 membres chacune. Il s'agit de la classe A, formée des conseillers élus par les propriétaires; de la classe B, formée des conseillers élus par l'ensemble des électeurs, propriétaires et locataires, puis de la classe C, formée par des représentants des associations ou corps publics tels que la Chambre de commerce, etc. Ce régime en partie corporatiste a duré jusqu’en 1960 alors qu’il a été aboli par le gouvernement Lesage.

- L’enquête Caron: En 1950, après plusieurs année de campagne du Comité de moralité publique dont un des avocats était le futur maire Jean Drapeau, une commission, présidée par le juge François Caron, a été créée pour enquêter sur les liens qu’entretenaient la police, le crime organisé et le monde municipal pour maintenir les bordels et les maisons de jeux en activité. Dénonçant le règne de la pègre, son rapport a été déposé en 1954 à trois semaines des élections où Drapeau a été élu maire, Camillien Houde ne se représentant pas. Suite à cette enquête des accusations ont été portées et 20 personnes ont été déclarées coupables.

- L’enquête Malouf: Mise sur pied en 1977 par le gouvernement Lévesque afin de faire la lumière sur les dépassements de coûts astronomiques engendrés par l’organisation des Jeux olympiques de 1976, cette commission d’enquête a été présidée par le juge Robert Malouf. Des fraudes, des vols, des actes de vandalisme et des détournements de matériaux ont été mis en preuve devant la commission qui a duré plus de trois ans. Il a même été démontré que le président du comité exécutif, Gérard Niding, s’était fait construire une maison aux frais des contribuables. Le maire Jean Drapeau a été blâmé pour sa mégalomanie. Selon le rapport, il a fait preuve «d’une incroyable incurie». Cette perte de contrôle est devenu le symbole de la mauvaise gestion de la Ville. Pourtant le maire Drapeau avait déclaré en 1975 qu’il «est aussi impossible pour les Jeux olympiques de Montréal de produire un déficit que pour un homme de devenir enceinte». Quant au Parti libéral du Québec, il a profité de ce chantier chaotique pour remplir sa caisse électorale grâce à des firmes d’ingénierie.

- L’enquête Charbonneau: Cette commission d’enquête portant sur l’octroi et la gestion des contrats publics dans l’industrie de la construction a été créée en 2012 par le gouvernement Charest pour calmer les pressions venant de toutes parts. Elle est présidée par le juge France Charbonneau. Le premier volet de son investigation a été consacré à la Ville de Montréal. Comme on le sait, les révélations qui y ont été faites -sur lesquelles on ne s’étendra pas ici- ont provoqué la démission du maire Gérald Tremblay. Elles ont aussi contribué à l’arrestation du maire par interim

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