lundi 21 avril 2014

Politique québécoise : trois exigences minimales

Parlons politique québécoise avec Francis Lagacé


Politique québécoise : trois exigences minimales 

21 avril 2014

On peut s'interroger sur la façon de bien regrouper les forces de gauche au Québec à la suite du résultat très décevant des élections du 7 avril dernier.

Pour ce faire, rappelons-nous toutefois que les électrices et les électeurs ont une marge de manoeuvre assez mince, sachant que notre système électoral est fabriqué sur mesure pour favoriser la domination du bipartisme.

Il convient aussi de se demander qui sont ces quelque 25 % des personnes ayant voté qui ont accordé leur voix au Parti québécois. Quelle est la part de nationalistes traditionnalistes de droite ? Quelle est la part de socio-démocrates ultrapatients et résignés ?

Puis, chez l'électorat qui a appuyé le Parti libéral, très vraisemblablement pour sanctionner le gouvernement péquiste, quelle est la part de modéréEs ?

Chez les caquistes, il y a sûrement des électrices et électeurs séduits par des propositions faciles à énoncer, qui semblent pleines de bon sens : alléger le fardeau fiscal des contribuables, faire le ménage dans l'administration.

Étant donné le blocage que constitue le mode de scrutin actuel, qui a toujours pour résultat que 60 % des électrices et des électeurs sont ignorés par le pouvoir, il est plus que jamais nécessaire d'axer la pédagogie politique sur trois exigences essentielles et minimales pour assainir le climat politique et favoriser une diversité de propositions plutôt que de toujours devoir choisir entre deux équipes qui se vantent chacune à tour de rôle d'être la plus à même d'attirer les investisseurs. N'est-il pas plus mobilisateur de promouvoir l'humanité plutôt que la comptabilité ?

La première exigence est qu'on dispose enfin d'un mode de scrutin proportionnel. Aucune concession ne devrait être faite là-dessus. Un parti qui prétend vouloir d'abord le pouvoir pour le partager ensuite se comporte de façon hypocrite. Il faut s'annoncer comme étant prêt à le partager d'avance, sinon ce n'est que tactique (très malencontreusement nommée stratégie).

La deuxième exigence que devraient avoir les électrices et les électeurs est une question de réalisme lié carrément à la survie des générations à venir. On aura beau avoir l'économie la plus florissante pour les 1 % dominants, à quoi cela sert-il si les générations à qui nous avons emprunté la terre doivent souffrir au point de respirer à peine ? Un parti politique qui ne s'engage pas dès maintenant dans la sortie de notre dépendance au pétrole se comporte comme un éthylique dansant à deux pas de la bouche d'un volcan actif.

La troisième nécessité est celle de fournir à l'État les moyens de ses politiques. Ces moyens sont accessibles facilement puisque depuis 30 ans le gouvernement se prive volontairement de revenus auxquels il avait déjà recours. Il faut savoir qu'une meilleure répartition des catégories de revenus imposables aurait pour effet de diminuer les impôts de la majorité des citoyenNEs et de faire payer une plus juste part à celles et ceux, ainsi que les entreprises, qui en ont les moyens.

Résumons-nous, dans les quatre ans à venir, il est possible de réunir un électorat soucieux de son avenir, de la justice et du bien commun autour de trois revendications essentielles pour redonner un sens à la politique québécoise : le mode de scrutin proportionnel, la sortie de la dépendance aux hydrocarbures et l'accès de l'État aux moyens de ses politiques.

LAGACÉ, Francis




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