vendredi 4 avril 2014

Un doublé de plus en plus possible: un gouvernement minoritaire et un renversement de la volonté populaire

Paul Cliche nous parle de la réalité politique



Un doublé de plus en plus possible:
un gouvernement minoritaire et un
renversement de la volonté populaire


Les derniers soubresauts de la folle campagne électorale que les Québécois ont vécue depuis le 5 mars indiquent qu’il est de plus en plus possible que les résultats du scrutin du 7 avril produisent un doublé sans précédent dans l’histoire du Québec. D’abord, l’élection d’un gouvernement minoritaire; ce qui est de plus fréquent aussi bien à Québec qu’à Ottawa. Mais, anomalie rare, on pourrait aussi assister à un renversement de la volonté populaire; ce qui signifie que le parti formant le gouvernement obtiendrait moins de votes que celui relégué dans l’opposition.

D’une part, il semble exclu depuis le dernier débat télévisé que le Parti libéral obtienne un gouvernement majoritaire. Le Parti québécois peut difficilement, lui aussi, faire élire les 63 députés nécessaires à une majorité à l’Assemblée nationale. Que les péquistes ou les libéraux soient élus dans un tel contexte la CAQ et Québec solidaire détiendraient la balance du pouvoir.

D’autre part, s’il se produisait un renversement de la volonté populaire le Parti libéral obtiendrait plus de votes que le Parti québécois mais ce dernier ferait élire plus de députés et conserverait le pouvoir. Ce phénomène s’expliquerait par le fait que le PQ devance le Parti libéral de plusieurs points dans l’ensemble des circonscriptions à majorité francophone qui élisent le plus grand nombre de députés à l’Assemblée nationale. Quant aux appuis du Parti libéral ils se concentrent surtout dans l’Ouest de Montréal et dans l’Outaouais où ce dernier obtient souvent des majorités écrasantes.

Si un tel renversement de la volonté populaire advenait il s’agirait d’une perversion de la démocratie due au mode de scrutin majoritaire de type anglais qui régit nos élections. Des résultats aussi aberrants sont survenus seulement trois fois lors des 40 élections québécoises tenues depuis 1867. En 1998, le PQ dirigé le premier ministre Lucien Bouchard avait vaincu le Parti libéral dirigé par Jean Charest. En 1966, l’Union nationale dirigée par Daniel Johnson avait vaincu le Parti libéral dirigé par le premier ministre Jean Lesage. En 1944, l’Union nationale dirigée par Maurice Duplessis avait vaincu le Parti libéral dirigé par le premier ministre Adélard Godbout.

Dans les démocraties occidentales où cette anomalie s’est déjà produite on a la plupart du temps instauré un scrutin de type proportionnel pour y remédier. C’est ce qui s’est passé en Nouvelle-Zélande par exemple.

Paul Cliche,
Montréal, 1er avril 2014

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