jeudi 13 mars 2014

Qui surveille l'industrie du sondage au Québec?



Qui surveille l'industrie du sondage au Québec?

 
Sébastien Rivard
Organisateur communautaire et porte-parole du Collectif RISQ

Publication: 11/03/2014 00:57

Les sondages d'opinion sont des instruments politiques très puissants, surtout dans le cadre d'une campagne électorale ou de débats publics importants comme celui sur la Charte des valeurs. L'industrie du sondage au Québec n'est pourtant encadrée par aucun organisme public, comme c'est le cas dans plusieurs pays, dont la France.

Le Collectif RISQ (Collectif pour la règlementation de l'industrie du sondage au Québec) propose différentes mesures d'encadrement pour assurer la protection du public contre les manipulations de l'opinion induites par les sondages biaisés et le manque de transparence. Pour y arriver, nous proposons deux choses: la création d'un centre de contrôle et d'éthique de l'industrie du sondage et l'interdiction de publication des résultats en période électorale.

Un organisme public de contrôle est nécessaire

Le centre de contrôle public aurait pour mandat d'évaluer tous les projets de sondages soumis par les entreprises et d'octroyer des permis pour chacun des sondages d'opinion réalisés au Québec. La méthodologie et le caractère éthique des questionnaires seraient évalués et des obligations de transparence sur les commanditaires, les questions et les échantillons seraient imposées. La multiplication des méthodologies utilisées et le caractère non-probabiliste de plusieurs sondages, souvent réalisés par internet, provoquent beaucoup de confusion et de désinformation.

Les entreprises de sondages, qui sont là avant tout pour vendre leurs services, se présentent aussi comme des commentatrices objectives de l'actualité politique lors des campagnes électorales. Ceci leur confère beaucoup trop d'influence politique. De plus, leur indépendance peut être mise en doute lorsqu'il y a une trop grande proximité avec les partis politiques, comme c'est le cas par exemple pour Léger marketing, appartenant à la famille de Nicole Léger, l'actuelle ministre de la famille péquiste et souvent mandatée pour réaliser des sondages pour le compte de ce parti.

Interdiction des sondages en période électorale

Afin de préserver un espace de débat démocratique, nous proposons que la réalisation et la diffusion de résultats de sondages soient interdites au Québec dans le cadre des élections provinciales. En Europe, la réalisation et la publication de sondages électoraux est interdite ou restreinte dans certains pays. En Italie, toute publication est interdite 15 jours avant la date du scrutin, alors que c'est 30 jours au Luxembourg. Au Canada, une seule restriction s'applique, soit l'interdiction de diffusion de résultats de sondages le jour de l'élection, alors qu'aucune réglementation ne s'applique pour l'instant au Québec.

Selon nous, les électrices et électeurs devraient faire leur choix électoral sur la base des idées et plateformes des candidats, les enjeux politiques discutés, les débats et les entrevues, plutôt qu'en suivant les mouvements de masse rapportés par les sondages, et qui plus est ne sont pas toujours fiables.

Le Collectif RISQ est convaincu qu'une réglementation appropriée de l'industrie du sondage permettra d'améliorer la vie démocratique et contribuera à lutter contre le cynisme en permettant de mettre sur le même pied toutes les opinions politiques lors des campagnes électorales. Nous espérons que notre message sera entendu et repris par les citoyennes et les citoyens de toutes les allégeances politiques.

Cet appel est cosigné par Sébastien Rivard, Louis-Raphaël Pelletier, Serge Leclerc, Bertrand Guibord, Francis Lagacé, François Guillet et Pierre-Louis Cauchon.

INFORMATION PRISE ICI

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