lundi 12 janvier 2015

Pourquoi les liens entre les partis politiques et les compagnies de sondages sont préoccupants – Une perspective historique


 

Pourquoi les liens entre les partis politiques et les compagnies de sondages sont préoccupants – Une perspective historique 

Par Louis-Raphaël Pelletier
pour le Collectif-RISQ

Pourquoi les liens entre les partis politiques et les compagnies de sondages sont préoccupants – Une perspective historique

Comme le soulignait récemment un blogueur du Huffington Post, Sébastien Rivard, les ambitions politiques de Pierre Karl Péladeau posent de manière concrète le problème de l’influence de l’industrie du sondage dans notre vie politique. M. Péladeau, c’est connu, est candidat à la chefferie du Parti québécois tout en demeurant le propriétaire de l’empire médiatique Québecor. Or, et cela l’est moins, Jean-Marc Léger – président et chef de la direction à Léger Marketing – siège au conseil d’administration du groupe TVA, un des piliers de l’empire Québecor. En tant qu’administrateur de TVA, M. Léger doit poursuivre sans broncher les intérêts de ce groupe médiatique, groupe médiatique ultimement possédé par un homme qui consacre maintenant toutes ses énergies à sa carrière politique. Si on ajoute à cela que Nicole Léger – la sur de Jean-Marc Léger – est députée du PQ, et une alliée de la première heure de M. Péladeau dans la course à la chefferie du PQ, on est en droit de se demander ce qui reste d’indépendance à Léger Marketing par rapport au magnat-des-média-politicien qu’est M. Péladeau.

C’est avec justesse, croyons-nous, que M. Rivard concluait par ces propos : « la convergence entre un parti politique, un groupe médiatique important et une maison de sondage nous semble être un mélange assez toxique pour la démocratie. » Les compagnies de sondages se présentent comme des observatrices voir des analystes neutres de la vie politique, or elles sont dans les faits intimement liées aux intérêts de partis politiques. On est alors en droit de se demander quelle est la valeur scientifique des « sondages » et des « études » qui sont divulgués et, en bout de course, quel est l’objectif de la publication des ces résultats présentés avec grand bruit et clinquant à la une du journal, de la page web ou du téléjournal.

Une perspective historique permet aussi de souligner que ce copinage entre l’industrie des sondages et les partis politiques est un problème relativement nouveau et qu’il mérite qu’on s’y attarde. Au moins jusqu’aux années 1950, les journaux étaient les organes médiatiques qui avaient incontestablement le plus d’influence en politique : ils prétendaient à la fois donner aux citoyens des informations sur la situation politique et offrir des opinions éclairées sur les meilleures politiques publiques à mettre en place ainsi que sur les candidats et les partis qui méritaient d’être appuyés lors des élections.

À la différence majeure de l’industrie du sondage d’aujourd’hui, l’écrasante majorité des journaux affichait clairement leur parti pris politique. Des journaux s’affichaient comme « organe officiel » d’un parti. D’autres se disaient « libéraux » ou « conservateurs » mais néanmoins « indépendants ». Dans certains cas, on n’appuyait aucun parti en particulier, mais on affichait clairement sa perspective idéologique : « travailliste », « nationaliste ».

Quoi qu’il en soit, la perspective du journal était ouvertement connue et le lecteur ou la lectrice pouvait analyser de manière critique l’information et l’analyse qui y étaient véhiculées.

 Depuis longtemps, les citoyen.nes ont appris à mettre en contexte l’information des médias traditionnels que furent les journaux et les chaines de radio et de télévision car – dès le départ – il était clair pour toutes et tous que le contenu de ces médias reflétait ou était influencé par des courants politiques.

La différence majeure entre les compagnies de sondages et les générations précédentes de médias est qu’elles n’ont jamais affiché ouvertement leurs couleurs politiques et qu’elles ne le feront jamais, à moins d’y être forcées. Leur prétention est d’être ‘objectives’, ‘scientifiques’, détachées des intérêts politiques. Rien n’est plus faux : le cas Péladeau – Québecor – Léger Marketing l’illustre clairement. Or nous croyons, au Collectif RISQ, que cette donnée fondamentale de l’industrie des sondage est peu et mal connue des citoyen.nes. Ceci expliquerait en grande partie l’énorme influence des sondages et des messages propagés par les compagnies de sondage. C’est pourquoi nous proposons une série de mesures pour réglementer cette industrie et ainsi favoriser des débats démocratiques plus éclairés.

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