lundi 5 octobre 2015

Les malheurs du Plateau


Francis Lagacé nous parle des quartiers urbains.


Les malheurs du Plateau 

15 septembre 2015

Le Plateau Mont-Royal voit fermer certains de ses commerces, subit les plaintes de celles et ceux qui le traversent parce qu’il n’est pas très convivial envers les automobiles et attire les critiques envers son maire d’arrondissement.

Se peut-il que le Plateau Mont-Royal soit victime de son propre succès ? Surtout de l’avidité de qui veut profiter dudit succès ? Ne veut-on pas le beurre et l’argent du beurre quand on veut résider dans un quartier branché, densément peuplé, couru par les élites économiques et artistiques et qu’en même temps on voudrait pouvoir s’y comporter comme en banlieu avec sa grosse cylindrée ?

Un quartier urbain doit permettre de vivre sa vie de quartier à pied, non ? Dans l’arrondissement que je viens tout juste de quitter, je me rappelle les hauts cris de mes voisins quand on avait voulu piétonniser la rue Masson. Imaginez, l’autobus passera désormais devant chez nous. Quelle horreur ! On m’avait soumis une pétition que je refusai de signer. On m’avait bien prévenu que je regretterais ma qualité de vie quand il y aurait un autobus qui passe plusieurs fois par jour devant ma porte. C’est quand même curieux, parce qu’il me semble moi, justement, que d’avoir une ligne d’autobus devant chez soi fait partie de la qualité de vie.

Se peut-il que les commerces qui ferment aient plutôt maille à partir avec la flambée astronomique des loyers ? Avec les prix faramineux des services qui y sont offerts ? Les propriétaires, qui n’habitent pas tous le quartier, loin de là, veulent le plus haut rendement possible et pouvoir se garer juste devant leur porte.

Et que dire des loyers résidentiels, de la transformation en condos, de la publication à l’étranger des logements disponibles dans l’espoir d’attirer des gens qui ne rechigneront pas sur des prix moins élevés que chez eux, où l’on est habitué à des tarifs excessifs ?

On peut difficilement presser le citron sans arrêt et se surprendre ensuite qu’il n’y ait plus de jus. Il ne faudra pas s’étonner d’entendre bientôt sur Rosemont les mêmes plaintes qui décrivent les malheurs du Plateau.

LAGACÉ, Francis




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