lundi 27 juillet 2015

La religion économique


Francis Lagacé nous parle de cette nouvelle religion, l'économique.



La religion économique 

27 juillet 2015

Déjà en 1991, même un grand bourgeois comme Jacques Parizeau, à l'occasion d'un congrès régional du Parti québécois, nous mettait en garde contre la religion de l'économie. C'est dire à quel point on n'a pas besoin d'être anarchiste pour trouver que la dictature économique fonctionne avec des dogmes.

La religion économique fait en sorte que nous acceptions comme vérité révélée des affirmations qui ne reposent sur rien d'autre que la croyance ou l'habitude, par exemple qu'il faut que le PIB croisse sans cesse, que les cours de la bourse sont un indicateur de la santé d'une nation, que le privé fait mieux que le public, que la dette publique est comme la dette des ménages...

La religion économique fait que l'on écarte comme hérétique toute personne qui conteste le diktat de la rentabilité financière.

La religion économique fait en sorte que l'on nie des faits pourtant reconnus par la majorité des scientifiques, comme le réchauffement global et les changements climatiques qu'il entraîne.

La religion économique fait en sorte que l'on encense des gens qui prétendent créer de la richesse. Pourtant, il n'existe pas une telle chose que la création de la richesse. Les richesses existent dans la nature, et on se les approprie pour les transformer et s'en servir. Mais, personne ne crée de richesse.

Les « explorateurs » des temps passés, qu'on aurait tout aussi bien pu appelé des exploiteurs, avaient quand même l'humilité de ne pas prétendre être les créateurs des richesses qu'ils captaient dans les pays qu'ils allaient coloniser.

Sondage après sondage, les populations humaines confirment que leurs plus grandes richesses sont la santé et le temps dont elles peuvent disposer ainsi que la famille avec qui elles peuvent passer ce temps.

La sagesse autochtone nous dit : « Quand ils auront coupé le dernier arbre, pollué le dernier ruisseau, pêché le dernier poisson, alors ils s’apercevront que l’argent ne se mange pas. »

Il y a des gens qui s'enrichissent, ils ne créent pas de richesse. Si on vous disait qu'il faut rendre grâce aux gens qui s'enrichissent, ça serait pas mal moins sexy que de féliciter ceux qui créent de la richesse, n'est-ce pas ? Mais, ce serait plus exact.

La religion économique fait croire aux travailleuses et aux travailleurs que ce sont leurs employeurs qui les font vivre alors que ce sont elles et eux qui font vivre les employeurs.

La religion économique nous fait accepter des concepts fumeux comme la « saine gestion ». C'est sûr que c'est bon, ça le dit, c'est une gestion saine. Comme dans les années 50, on ne pouvait pas contester le bon Dieu, c'est sûr, il est bon, alors on ne peut être contre lui. On peut pourtant décider nous-mêmes de ce qui est sain et de ce qui est bon.

La religion économique ordonne de consommer toujours plus de nouveaux gadgets pour stimuler l'économie.

La religion économique condamne les personnes qui ne sont pas « productives » comme si elles étaient des parasites. Les artistes fauchés, les retraités, les handicapés, les assistés sociaux ont pourtant beaucoup plus à nous apprendre que les champions investisseurs.

La religion économique fait passer la production et le profit avant la santé, le temps et les gens.

LAGACÉ, Francis





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